Accidents de transport : apaiser le traumatisme

29 juillet 2013

©Phovoir

Le déraillement d’un Intercité à Brétigny-sur-Orge, dans l’Essonne, a fait 7 morts et 62 blessés le 12 juillet dernier. A peine deux semaines plus tard, le 24 juillet, celui d’un train à grande vitesse espagnol près de Saint-Jacques de Compostelle a provoqué le décès de 79 personnes. En Italie enfin, l’accident d’un autocar près d’Avellino, dans la région de Naples, vient de faire au moins 39 morts et 10 blessés dans la soirée du 28 juillet, selon les dernières estimations. Ces drames en série dans les transports terrestres européens laissent les survivants et les familles de victimes traumatisés. En Espagne, en Italie comme en France, des cellules d’assistance psychologique sont mises en place pour les aider à faire face au choc.

« Exposées à des situations traumatisantes, les victimes risquent de développer un état de stress aigu », explique le Dr Jean-Philippe Rondier, adjoint du service de psychiatrie de l’Hôpital d’Instruction des Armées – Percy. « Celui-ci se caractérise notamment par le syndrome de répétition traumatique (cauchemars, réminiscences diurnes…) et d’autres troubles du registre anxieux (angoisse, sentiment d’horreur, rappel des odeurs, des bruits…), » poursuit-il. Cet état est provoqué par « la rencontre avec la mort dans une réalité concrète, avec une imminence de la menace dans une dimension de surprise. Et bien que nous sachions tous que nous sommes mortels, aucun d’entre nous ne veut y croire. »

Une prise en charge psychologique précoce permet d’éviter qu’un état de stress aigu n’évolue vers un état de stress post-traumatique (ESPT), « avec une forme de chronicité ». « En tant que médecins militaires, certains civils exposés à une catastrophe naturelle, à un accident de la voie publique, à un braquage ou à une prise d’otage nous sont envoyés pour une prise en charge. » Précoce, « celle-ci favorise la mise en mot par des victimes encore prises dans le caractère catastrophique de l’événement », indique le Dr Rondier. C’est aussi ce que permet la cellule d’assistance psychologique, composée de psychiatres et de psychologues.

Depuis l’attentat du RER Saint-Michel

« La prise en charge d’une victime traumatisée, si elle passe par un soutien psycho-thérapeutique, peut aussi nécessiter l’usage de médicaments psychotropes, aux fonctions apaisantes », explique Jean-Philippe Rondier. En France, la mise en place des cellules d’assistance psychologique date de 1995. C’est cette année-là en effet, le 25 juillet, qu’eut lieu l’attentat terroriste de la station de RER Saint-Michel, à Paris. Le psychiatre militaire Louis Crocq crée, à la demande du ministre Xavier Emmanuelli, les cellules d’urgence médico-psychologiques (CUMP). La circulaire n°97/383 du 28 mai 1997 stipule la création d’un réseau national de sept cellules permanentes de prise en charge de l’urgence médico-psychologique en cas de catastrophe.

En outre, le code de la santé publique stipule que « l’agence régionale de santé constitue dans chaque département une cellule d’urgence médico-psychologique composée de médecins psychiatres, de psychologues et d’infirmiers volontaires […]. Cette cellule est chargée d’assurer la prise en charge médico-psychologique des victimes de catastrophes ou d’accidents impliquant un grand nombre de victimes ou susceptibles d’entraîner d’importantes répercussions psychologiques en raison de leur nature. »

Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

  • Source : Interview du Dr Jean-Philippe Rondier, adjoint du service de psychiatrie de l'Hôpital d’Instruction des Armées - Percy, 27 juin 2013

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