L’accès aux toilettes, un rempart contre les maladies infectieuses
18 novembre 2015
Une latrine en Slovénie. ©Janez Novak, Slovenija
Dans le monde, quelque 2,4 milliards de personnes n’ont pas accès à des sanitaires salubres. En clair, au lieu de faire leurs besoins dans des toilettes, ils se soulagent dans la nature. Résultat, les maladies infectieuses se propagent, causant de nombreux décès. Pour lutter contre ce fléau, la construction de toilettes sèches et autres latrines est fondamentale, mais elle doit s’associer à un travail d’éducation des populations. Les explications de Benoît Miribel, membre du think tank (Re)sources dédié à l’accès aux services essentiels et directeur général de la Fondation Mérieux, à l’occasion de la journée mondiale des toilettes ce jeudi 19 novembre.
Dans de nombreux pays, pour beaucoup situés en Afrique subsaharienne, « lorsqu’aucun dispositif sanitaire n’existe, les hommes, les femmes comme les enfants défèquent à l’air libre », explique Benoît Miribel. « Plus précisément, ils se soulagent souvent dans les champs ou au bord des rivières, afin de pouvoir se nettoyer ensuite. » Malheureusement, ces pratiques constituent une menace immédiate pour la santé. « Par le drainage des eaux de pluies, ces comportements ont une incidence directe sur la santé des eaux. Lesquelles transportent des maladies. » Choléra, hépatite, typhoïde, onchocercose… autant de pathologies infectieuses qui se propagent par la consommation d’eau contaminée. Et qui peuvent affecter les populations, et en particulier les enfants, encore très nombreux à mourir de diarrhées.
La solution ? Un meilleur accès à l’eau potable donc, mais aussi, et c’est lié, à des installations sanitaires salubres. Il s’agit de latrines composées de planches en bois construites sur des cuves, évacuées dans des endroits sûrs, loin des points d’eau et des populations. Mais aussi de toilettes sèches, permettant la décomposition naturelle des excréments. Mais « la réalisation d’ouvrages d’assainissement ne suffit pas », insiste Benoît Miribel.
« La construction de toilettes ne suffit pas s’il n’y a pas une compréhension des enjeux autour des sanitaires dans les populations », indique-t-il. Cela prend du temps. « Lorsque les gens ont l’habitude de déféquer à l’air libre depuis toujours, il est difficile de leur faire adopter d’autres pratiques. Cela demande un travail d’information et de communication auprès des responsables communautaires, dans les écoles… » Et dans tous les cas, un temps d’adaptation et d’accompagnement est nécessaire. « Cet enjeu est certes moins visible qu’une réalisation technique mais nécessite du temps et de la volonté pour expliquer pourquoi il est tellement important d’utiliser les toilettes », conclut-il.
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Source : interview de Benoît Miribel, membre du think tank (Re)sources dédié à l'accès aux services essentiels et directeur général de la Fondation Mérieux, 16 novembre 2015
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet