Allergie aux acariens : un vaccin pour bientôt ?

06 mai 2015

Plus de la moitié des patients asthmatiques sont allergiques aux acariens. C’est d’ailleurs l’exposition à cet allergène qui provoque le plus souvent leurs crises. Pour mieux lutter contre cette maladie, notamment chez les enfants, une équipe franco-autrichienne a effectué de belles avancées vers un vaccin.

Pour soigner les allergiques aux acariens, le seul traitement actuellement disponible est la désensibilisation. Celle-ci consiste à exposer le patient à l’allergène pendant des années, pour que son système immunitaire constitue des cellules et des anticorps protecteurs. La plupart du temps l’administration se fait par voie sublinguale.

En association avec des chercheurs de l’Université de Vienne en Autriche, des scientifiques de l’INSERM et de l’INRA ont développé des peptides dits hypoallergéniques, dérivés d’allergènes. En l’occurrence des acariens. Objectif, les utiliser comme vaccin pour immuniser les allergiques.

Afin de tester leur découverte, les auteurs de ce travail ont vacciné des souris avec ce peptide avant et durant la sensibilisation allergique aux acariens. Ils ont ensuite mesuré l’obstruction bronchique de ces rongeurs lors d’une exposition à l’allergène. Mettant ainsi en évidence que la vaccination par ce peptide rendait la réactivité des bronches des souris asthmatiques normale.

Quelle différence avec la désensibilisation ? « Au cours de la désensibilisation, on utilise l’acarien en entier », précise le Pr Antoine Magnan, co-auteur de ce travail. « Ici l’intérêt est d’utiliser une petite partie d’une protéine à laquelle le patient est allergique. C’est plus spécifique, on sait ce qu’on administre, et il n’y a en principe pas de risque de provoquer une allergie. » En somme, les effets secondaires dont souffrent parfois les patients en désensibilisation sont atténués voire éliminés. Autre avantage de cette stratégie thérapeutique : « elle est efficace en peu de temps et offre une protection prolongée ». Enfin, la vaccination avec ce peptide induit une activité anti-inflammatoire bénéfique.

« Le rôle protecteur de la vaccination, avec un peptide hypoallergénique, est une option thérapeutique très intéressante pour enrayer la progression de l’asthme en particulier chez les enfants à risque », estiment les auteurs. Des études supplémentaires sont toutefois nécessaires chez l’animal avant d’envisager les premiers essais thérapeutiques chez l’homme.

  • Source : INSERM, 27 avril 2015 – interview du Pr Antoine Magnan, chef du service de pneumologie du CHU de Nantes, 5 mai 2015

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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