Apnées du sommeil : le tirzépatide, premier médicament efficace ?

28 juin 2024

Indiqué dans le diabète de type 2, le tirzépatide semble également prometteur dans le traitement des apnées du sommeil, selon une récente étude. Des résultats encourageants pour le milliard d’individus qui souffriraient, dans le monde, du syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS).

Bientôt un premier traitement médicamenteux contre le syndrome d’apnées du sommeil ? Publiée le 21 juin dans la revue The New england journal of medicine, une étude de l’école de médecine de l’université de Californie affiche des résultats convaincants obtenus avec le tirzépatide. Ce médicament, développé par le groupe pharmaceutique Eli Lilly and Company, appartient à une nouvelle classe d’antidiabétiques, de la famille des doubles agonistes des récepteurs GIP (polypeptide insulinotrope dépendant du glucose) et GLP-1 (Glucagon-Like Peptide-1) qui permet de favoriser la perte de poids en même temps que la baisse de la glycémie.

Deux essais cliniques randomisés de phase III, menés en double-aveugle, ont concerné une cohorte de 469 individus. Tous souffraient d’obésité, associée à un syndrome d’apnées du sommeil modéré à sévère. Pour rappel, l’obésité est le principal facteur de risque de survenue du syndrome d’apnées du sommeil.

Un nombre d’apnées et d’hypopnées largement réduit

Les participants ont été divisés en deux groupes : ceux qui recevaient un traitement PPC – pression positive continue, qui consiste en l’utilisation durant la nuit d’un masque facial relié à un appareil qui envoie de l’air sous pression pour dégager les voies aériennes– et ceux qui n’étaient pas traités par PPC. Certains ont reçu 10 ou 15 mg de tirzépatide durant 52 semaines, d’autres, un placebo. Était ensuite mesuré, par heure, l’indice IAH qui correspond, en une heure de sommeil, au nombre d’apnées et d’hypopnées (diminution de l’amplitude de la respiration associée à une chute du taux d’oxygène ou un bref réveil).

Résultat ? Dans l’essai 1, incluant les participants qui n’étaient pas traités par PPC, l’IAH a baissé de 25,3 événements par heure (51,5 événements au départ). Chez les patients déjà traités par PPC, qui présentaient au départ un IAH de 49,5 événements, on observait 29,3 événements en moins avec le tirzépatide. Le traitement a aussi permis de réduire les facteurs de risque cardiovasculaire et a permis une perte de poids chez les patients.

Une qualité de vie altérée et des risques cardiométaboliques à long terme

Pour le Dr Atul Malhotra, auteur principal de l’étude, directeur du service du sommeil à l’UC san Diego Health, « ce nouveau traitement médicamenteux offre une alternative aux personnes qui ne peuvent pas tolérer ou adhérer aux thérapies existantes (le traitement par PPC étant contraignant) ». Il ajoute : « Nous pensons que la combinaison de la thérapie PPC et de la perte de poids sera optimale pour améliorer le risque et les symptômes cardiométaboliques. Le tirzépatide peut également cibler des mécanismes sous-jacents spécifiques de l’apnée du sommeil, conduisant potentiellement à un traitement plus personnalisé et plus efficace ». Les prochaines étapes devront examiner les effets à plus long terme du tirzépatide.

Le syndrome d’apnée du sommeil, ou syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) concerne près d’1 milliard de personnes dans le monde, 1,8 million en France. Il entraîne de lourdes conséquences sur la qualité de vie des patients (somnolence, grande fatigue, irritabilité, difficulté de concentration). Et, à long terme, ce trouble du sommeil augmente le risque de maladies cardio-vasculaires et métaboliques (syndrome métabolique, hypertension, athérosclérose, diabète de type 2, troubles du rythme cardiaque).

  • Source : The New england journal of medecine, Inserm, Lilly.com

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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