Après un cancer : l’indispensable soutien psychologique

08 juin 2017

Anxiété, isolement, appréhension… la charge mentale et physique éprouvée par les patients guéris d’un cancer est à prendre en compte après le parcours de soins. Mais comment faire ? En favorisant le suivi psychothérapeutique, une approche efficace pour apaiser la peur associée au risque de rechute. Des bénéfices révélés au Congrès de l’American Society of Clinical Oncology organisé à Chicago du 2 au 6 juin.

Le nombre de survivants du cancer ne cesse de progresser à l’échelle mondiale. Une bonne nouvelle ! Mais comment aider ces anciens patients à évacuer le caractère anxiogène de la maladie après une rémission ? Loin des molécules et des prescriptions, des médecins américains présents au Congrès de l’ASCO organisé à Chicago du 2 au 6 juin ont pris la voie de la psychothérapie.

Une approche pleinement justifiée ! En moyenne, 50% des patients en rémission craignent fortement une rechute, tous cancers confondus. Une donnée qui passe à 70% chez les femmes traitées pour un cancer du sein. « Cette appréhension peut être si forte qu’elle affecte la personne, dans ses relations sociales, au travail et plus globalement sur la qualité de vie », explique le Pr Jane Beith, oncologue à l’université de Sydney (Australie). Et auteur d’une étude clinique de phase III menée sur les bénéfices de l’approche psychothérapeutique.

Une psychothérapie encadrée

Au cours de cet essai d’une durée de 10 semaines, une consultation a donc été proposée à cinq reprises à 222 patients guéris d’un cancer du sein de stade I-III, d’une tumeur colorectale ou d’un mélanome. Chaque participant a renseigné son degré de crainte par questionnaire de 42 items, à deux mois et cinq ans après ce suivi individuel. D’une durée comprise entre 1h et 1h30, cette séance était axée sur le travail de l’acceptation : comprendre que oui, le cancer peut potentiellement revenir afin d’éviter les situations de déni. Des astuces sont données pour diminuer l’inquiétude, ainsi que des pistes pour concentrer son attention ailleurs que sur la maladie (centres d’intérêts, objectifs de vie…).

Dans le groupe contrôle, les patients ont suivi un simple programme de relaxation musculaire et de méditation. Dans les deux groupes, le niveau de peur de la rechute a ensuite été classé sur une échelle de 0 à 168. Les résultats sont sans appel : le groupe bénéficiant de la psychothérapie de l’essai clinique a vu son taux de crainte de rechute diminuer de 18,1 %, contre 7,6% dans le groupe contrôle.

Généraliser la pratique

« La majorité des volontaires de l’étude clinique étaient des femmes soignées pour un cancer du sein. Mais l’idée est de généraliser ces consultations dans la pratique clinique, quel que soit le sexe et le type de cancer traité », note le Pr Beith. Un pas en avant dans les soins de support qui nécessitent « la formation des psychologues aux thérapies cognitives pratiquées dans le cadre du cancer ».

  • Source : de notre envoyée spéciale au 52e Congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO), organisé à Chicago du 2 au 6 juin 2017.

  • Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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