Autisme et grossesse : un risque de déficience intellectuelle ?

20 juin 2016

Lorsqu’il est associé à une déficience intellectuelle, le trouble du spectre autistique (TSA) trouverait son origine dans le ventre de la mère. Et selon une étude publiée dans la revue Molecular Psychiatry, un enfant diagnostiqué pour ces deux maladies a très certainement grandi dans l’organisme d’une future maman atteinte d’une dysfonction du système immunitaire.

Le risque d’autisme associé à une déficience intellectuelle chez l’enfant à naître augmenterait lorsque la femme enceinte présente des taux sanguins anormalement élevés de cytokine et de chimiokine. Deux protéines impliquées dans le contrôle de la réponse immunitaire.

Une dysfonction immunitaire

Pour le prouver, des chercheurs américains ont analysé des échantillons sanguins prélevés auprès de 1 001 mamans pendant la grossesse, obtenus entre juillet 2000 et septembre 2003 auprès du Département californien de santé publique. Après la naissance, 184 enfants autistes présentaient une déficience intellectuelle, 201 petits atteints du TSA étaient épargnés par ce retard mental. Enfin, 188 autres souffraient d’une déficience intellectuelle sans autisme. Enfin 428 volontaires recrutés dans la population pédiatrique étaient indemnes de maladies.

Résultats, chez la mère des sujets sains ou présentant une déficience intellectuelle sans autisme, aucune inflammation des protéines en question n’a été repérée. En revanche, en cas d’autisme associé ou non à une déficience intellectuelle, « une inflammation des protéines cytokine et chimiokine [signe de dysfonctionnement du système immunitaire] était repérée pendant le second trimestre de grossesse », souligne l’équipe du Pr Judy Van de Water, médecin du pôle Rhumatologie, Allergies et Immunologie Cliniques à l’Université de Californie. Parmi ces deux derniers groupes, cette inflammation était « plus importante chez les femmes ayant un enfant autiste et déficient intellectuel ».

Le rôle des protéines

Actives au niveau de la sphère cérébrale pendant le développement fœtal, la cytokine et de chimiokine ne sont pas impliquées par hasard dans ce mécanisme. La cytokine participe à la neurogenèse (processus de développement de neurones fonctionnels) et à la maturation des synapses (zones d’interaction entre les cellules nerveuses). La chimiokine joue un rôle dans la différenciation des cellules souches neurales au cours de la grossesse.

« Ces travaux vont nous permettre d’isoler des marqueurs et mécanismes neurobiologiques de la population autistique », concluent les chercheurs. Et donc d’affiner les phénotypes associées au TSA qui recèle encore beaucoup de mystères, tant sur le plan génétique que comportemental.

  • Source : Molecular Psychiatry, Nature, le 7 juin 2016

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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