AVC : quelle récupération peut-on espérer ?
10 janvier 2024
Si de nombreuses victimes conservent des séquelles après un AVC, d’autres parviennent à retrouver une totale autonomie après un programme sur-mesure de rééducation et de réadaptation. Celui-ci doit débuter le plus tôt possible afin de donner le plus de chances aux patients.
En 2019, 123 000 personnes ont été hospitalisées pour un accident vasculaire cérébral (AVC) en France. 85 % de ces AVC sont causés par un vaisseau ou une artère qui se bouche, 15 % par une artère qui se rompt. Alors qu’environ 30 % des victimes d’AVC décèdent dans l’année qui suit, la majorité des survivants garde des séquelles. Ainsi, selon les chiffres avancés par la Haute autorité de santé (HAS), « les victimes d’AVC conservent dans 40 % des cas des séquelles de gravité diverse, dans 25 % des séquelles lourdes après 1 an ».
Le délai et les capacités récupérées sont difficiles à prévoir et varient d’une personne à l’autre. Toutefois, l’Académie nationale de médecine estime dans un bulletin de mai 2022, que « trois à six mois au moins sont nécessaires pour récupérer les déficits. Un temps plus long encore est nécessaire pour récupérer les fonctions et les activités. »
S’il y a toujours une part de récupération spontanée dans l’AVC, une solide rééducation/réadaption est primordiale pour se remettre d’un AVC. « Il est démontré que la rééducation/réadaption, permet de réduire de manière significative la mortalité, la dépendance et le risque de d’institutionnalisation », note la HAS. Celle-ci doit débuter le plus précocement possible.
Une évaluation dans les 24 heures qui suivent l’AVC
Dès l’hospitalisation, une évaluation initiale est menée par les médecins et les rééducateurs spécialisées. A ce moment-là, dans les premières heures qui suivent l’admission du patient (la phase aigüe de l’AVC), un spécialiste (gériatre, neurologue ou spécialiste en médecine physique et de réadaptation) évalue les déficits, la sévérité de l’AVC et le pronostic de récupération du patient. Une seconde évaluation est menée pour affiner le diagnostic.
Dès que l’état de santé du patient le permet, la rééducation débute. « Pour être efficace, la rééducation/réadaptation doit être initiée précocement et pratiquée de manière intensive avec des séances d’au moins 45 minutes par type de rééducation, 5 à 7 jours par semaine », recommande la HAS. Pour être le plus efficace possible, la rééducation est pluridisciplinaire et coordonnée. Au terme de cette phase de rééducation dite de phase subaigüe, qui se termine 3 à 6 mois après l’AVC, le patient entre alors dans la phase chronique de l’AVC.
500 000 personnes porteuses de séquelles
Ce n’est qu’en 2022 que la HAS a publié ses premières recommandations sur la rééducation lors de cette phase. En France, 500 000 personnes vivent avec des séquelles dues à un AVC. « Si la survie du patient et les éventuelles répercussions dépendent de la rapidité de la prise en charge initiale, un suivi sérieux pendant les mois et années après l’AVC est également primordial pour en limiter les conséquences sur le long terme », ajoute la HAS.
Sans explication, certains patients récupèrent mieux que d’autres, mais la récupération dépend aussi de certains facteurs. Selon l’Académie de médecine, « les facteurs du pronostic sont principalement la taille et surtout le siège de la lésion (…), la rééducation et la réadaptation adaptées, avec des professionnels spécialisés, suffisamment intenses et prolongées ». L’âge est aussi un facteur de pronostic du fait des comorbidités et des antécédents neurologiques de la personne.
Tout au long du parcours de rééducation/réadaptation, le patient effectue des activités physiques assistées ou non par la technologie. Dans le but de récupérer ses capacités cognitives, des thérapies cognitives et émotionnelles peuvent être mises en place (ergothérapie, orthophonie). Le premier objectif est la récupération des déficits et, le cas échéant, de trouver des stratégies de compensation toujours en vue de conserver l’autonomie du patient.
Après une première phase rapide de récupération les premiers mois, celle-ci est beaucoup plus lente lors de la seconde phase. Il est important que le patient ne se décourage pas. Si les progrès sont plus rares après un an, ils peuvent toutefois survenir jusqu’à 18 mois après l’AVC.
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Source : Santé publique France, HAS, Académie nationale de médecine
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet