90 % des AVC sont évitables, en adoptant les bons réflexes « prévention »
27 octobre 2023
Chaque année, le 29 octobre marque la Journée mondiale de sensibilisation à l'accident vasculaire cérébral (AVC). Pour l’occasion focus sur la prévention. Car contrairement à une idée encore largement répandue, les AVC ne frappent pas au hasard.
L’accident vasculaire cérébral (AVC) est la conséquence d’une atteinte de la circulation sanguine en direction du cerveau : soit un vaisseau sanguin est obstrué, il s’agit alors d’un accident ischémique (80 % des AVC), soit un vaisseau sanguin se déchire. Il provoque une hémorragie dans le cerveau ou tout autour (c’est l’AVC hémorragique). Les cellules cérébrales sont ainsi privées d’oxygène et de carburant (le glucose), entraînant des séquelles neurologiques. C’est pourquoi l’AVC est une des principales causes de mortalité dans le monde, la première cause de handicap acquis de l’adulte et la seconde cause de démence chez les séniors.
1 AVC toutes les 4 minutes en France
En France, on dénombre chaque année près de 140 000 nouveaux cas d’AVC, soit un toutes les 4 minutes. Une paralysie, une faiblesse ou un engourdissement d’une partie ou de la moitié du corps, mais aussi une déformation de la bouche, des difficultés à parler, la perte de la vision d’un œil, des troubles de l’équilibre, de la coordination ou de la marche ou encore une céphalée extrêmement douloureuse inhabituelle doivent alerter. Il faut alors appeler le 15 sans attendre.
Plus de la moitié des AVC sont évitables
Prévenir la survenue d’un AVC repose sur le dépistage et le traitement de huit facteurs de risque. « Dans un monde idéal, avec une bonne hygiène de vie, 90 % des AVC pourraient être évités à l’échelon individuel en contrôlant tous ces facteurs de risque », assure le Pr Sonia Alamowitch, présidente de la Société française neuro-vasculaire (SFNV) et cheffe de service des Urgences neuro-vasculaires à l’hôpital Pitié- Salpêtrière (APHP, Paris). « Ce qui reviendrait à éviter plus de la moitié des AVC chaque année ».
Et de rappeler les fondamentaux en matière de prévention : « Le premier facteur de risque d’AVC est l’hypertension artérielle : chaque diminution de 10 mmHg de pression artérielle systolique (le 1er des 2 chiffres de la tension) réduit de 20 % le risque d’AVC. S’il est crucial de traiter l’hypertension, car cela permet de réduire de manière drastique le risque d’AVC, même pour les personnes déjà hypertendues, encore faut-il la dépister ! Or, 50 % des personnes hypertendues ignorent qu’elles le sont. »
Penser aux troubles du rythme
Le second facteur de risque qu’il est possible de corriger est un trouble fréquent du rythme cardiaque appelé fibrillation auriculaire (ou atriale). Le cœur bat de façon chaotique, d’où une stagnation du sang dans les cavités cardiaques favorisant la formation de caillots. Lorsqu’ils se détachent, ces caillots se retrouver dans la circulation cérébrale, au risque de provoquer un AVC. « La fibrillation auriculaire peut être asymptomatique », avertit le Pr Sonia Alamowitch. « Le diagnostic est souvent posé lors d’un examen cardiaque. Cependant, il existe des signes d’alerte, tels que des palpitations que le patient peut ressentir. Les personnes de plus de 40 ou 50 ans, devraient aussi surveiller leur pouls de manière régulière. Un rythme cardiaque accéléré et irrégulier peut désigner une fibrillation auriculaire. Si ce trouble est présent, la meilleure manière de limiter le risque d’AVC, pour les patients à haut risque de caillot, est de suivre un traitement anticoagulant pour fluidifier le sang, prévenant ainsi la formation de caillots. Ce traitement réduit le risque d’AVC d’environ 60 %. »
D’autres facteurs de risque sont dits métaboliques : il s’agit de l’obésité, de l’excès de cholestérol et du diabète. « Il est donc recommandé de mesurer régulièrement ces paramètres (LDL-cholestérol, glycémie) en effectuant des analyses sanguines », conseille la spécialiste. « Cette démarche devrait être réalisée au moins une fois chez les adultes jeunes puis, de manière personnalisée, à partir de l’âge de 50 ans. En général, en réduisant ces facteurs de risque métaboliques, on diminue le risque relatif d’AVC de l’ordre de 15 à 20 %. »
Quant aux facteurs de risque liés à une mauvaise hygiène de vie, rien de plus simple, en théorie du moins :
- Arrêter le tabac, car fumer double le risque d’AVC ;
- consommer de l’alcool de façon modérée ;
- consommer plusieurs fruits et légumes par jour tout en limitant les matières grasses et le sucre et en réduisant le sel (à table et en évitant les charcuteries industrielles, les cubes de bouillon, etc.) ;
- enfin, s’astreindre à une activité physique. 30 minutes de marche par jour suffisent.
Pour en savoir plus : https://accidentvasculairecerebral.fr
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Source : Interview du Pr Sonia Alamowitch, présidente de la Société française neuro-vasculaire (SFNV) et cheffe de service des Urgences neuro-vasculaires à l'hôpital Pitié- Salpêtrière (APHP, Paris) - https://accidentvasculairecerebral.fr
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Ecrit par : Hélène Joubert - Édité par Emmanuel Ducreuzet