Bientôt un vaccin contre le chikungunya ?

13 juin 2023

La société française Valneva vient d’annoncer des résultats concluants pour son candidat-vaccin contre le virus du chikungunya. Transmise par le moustique, la maladie ne cesse de gagner du terrain dans le monde, notamment dans les régions tempérées.

Bientôt un vaccin contre le virus du chikungunya ? Les résultats du candidat-vaccin développé par Valneva sont en tout cas prometteurs. Le laboratoire vient en effet de publier dans The Lancet, les résultats d’un essai clinique de phase 3 pour le VLA1553.

En tout, 4 128 personnes ont participé à l’étude – 3 093 ont reçu le vaccin, 1 035 un placebo. Après une dose de sérum, 98,9 % des participants ont développé des anticorps efficaces contre le chikungunya, 28 jours après l’injection. 96 % d’entre eux ont conservé une réponse immunitaire efficace 6 mois après avoir été vaccinés.

Du côté de l’innocuité de ce candidat-vaccin, les résultats sont là aussi probants. Le vaccin a dans l’ensemble été bien toléré chez toutes les classes d’âge. Toutefois, « deux événements indésirables graves ont été considérés comme liés au traitement par VLA1553 (une myalgie légère et un syndrome de sécrétion inappropriée d’hormone antidiurétique) », notent les chercheurs dans The Lancet. Les deux participants concernés se sont rétablis.

A l’origine de douleurs articulaires sévères

Le VLA1553 est un candidat-vaccin vivant atténué, ce qui signifie qu’il est destiné à immuniser contre un seul agent pathogène, le chikungunya, et qu’il est constitué de virus vivant modifié, incapable de rendre malade mais capable de susciter une réponse immunitaire. Une demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM) est en cours de validation aux Etats-Unis et au Canada. En Europe, celle-ci devrait être formulée dans le courant du second semestre 2023.

Si les demandes d’AMM pour le VLA1553 aboutissent, il s’agira du seul vaccin disponible contre le chikungunya. Maladie vectorielle transmise à l’humain par les moustiques, le chikungunya provoque une forte fièvre et des douleurs articulaires sévères qui durent généralement quelques jours mais peuvent parfois se prolonger durant des mois. La maladie peut d’ailleurs devenir chronique avec des douleurs articulaires persistantes. Originaire d’Afrique de l’Est, le virus tient son nom du swahili, « celui qui marche courbé ».

Les autres symptômes associés comprennent une tuméfaction des articulations, des douleurs musculaires, des céphalées, des nausées, de la fatigue et des éruptions cutanées. Sa prise en charge est pour l’heure uniquement symptomatique avec des antalgiques puis des anti-inflammatoires. Si la maladie est rarement mortelle, elle augmente le risque de décès chez les personnes les plus fragiles.

Les régions tempérées également menacées

Identifié dans plus de 110 pays d’Asie, d’Afrique, d’Amérique et d’Europe, le virus gagne du terrain et provoque régulièrement des flambées épidémiques. En France métropolitaine, alors que le moustique tigre ne cesse de gagner du terrain, des cas autochtones de chikungunya ont été identifiés en 2010, 2014 et 2017.

Une récente étude menée par des scientifiques de l’Institut Pasteur et de l’université Paris Cité, s’est intéressée à la transmission du virus du chikungunya par le moustique tigre selon la température, de 20°C à 28°C. « Dans cette étude, le moustique Aedes albopictus est capable de transmettre le chikungunya avec la même efficacité à 20°C et à 28°C tout en mettant en jeu des processus moléculaires très distincts. Il s’agit d’un véritable exemple d’ajustement mutuel entre le virus et le vecteur, ici le moustique tigre, en réponse à son environnement », souligne Anna-Bella Failloux, responsable de l’unité Arbovirus et insectes vecteurs de l’Institut Pasteur et dernière auteure de l’étude dont les résultats ont été publiés en avril dans le Journal of Travel Medecine.

Alors que le moustique tigre est désormais implanté dans les régions tempérées du globe – dont le 4/5 de l’Hexagone, « le chikungunya risque donc de poursuivre son expansion dans les zones où s’implante le moustique tigre. En l’absence de vaccins et de traitements, il pourrait devenir un problème de santé publique dans un plus grand nombre de pays des régions à climat tempéré », poursuit Anna Bella-Failloux.

  • Source : Safety and immunogenicity of a single-shot live attenuated chikungunya, vaccine : a double-blind, multicentre, randomised, placebo-controlled, phae 3 trial, The Lancet, 12 juin 2023, Climate change and vector-borne diseases: a multi-omics approach of temperature-induced changes in the mosquito, Journal of travalled medecine, 25 Avril 2023, OMS, Inserm, Valneva

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par : Vincent Roche

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