Chikungunya, dengue… pourquoi le nombre cas devrait se multiplier
11 avril 2023
Alors que le moustique tigre a d’ores et déjà colonisé une grande partie de l’Hexagone en quelques années seulement, les maladies virales dont il est le vecteur, devraient également se multiplier dans les prochaines années. Le Covars plaide pour une adaptation rapide des outils de prévention et des services de santé.
Dans un avis daté du 3 avril 2023, le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars) prévoit une augmentation des cas de dengue, Zika et chikungunya en France métropolitaine ces prochaines années. La faute à l’Aedes albopictus, le fameux moustique tigre, petit, rayé blanc et noir, silencieux et diurne.
Depuis 2010, le nombre de départements qu’il a colonisés a été multiplié par 10, selon un compte-rendu de l’Assemblée nationale, cité dans le rapport du Covars. En 2023, le moustique tigre était implanté et actif dans 68 départements métropolitains et repéré ponctuellement dans 7 autres départements sur 5 ans, selon le site Vigilance-moustiques. Observé pour la première fois dans les Alpes-Maritimes en 2004, l’insecte poursuit depuis sa progression en France métropolitaine, du Sud vers le Nord.
Le moustique est le vecteur de nombreuses maladies. Aujourd’hui dans le monde, 4 milliards de personnes sont exposées au risque de dengue. « En 2019, l’OMS considérait la dengue comme l’une des 10 menaces majeures pour la santé globale et estime actuellement le nombre de cas annuels de dengue entre 100 à 400 millions », souligne le Covars. Elle serait responsable de 400 000 décès dans le monde chaque année.
Vers de nouveaux foyers de dengue, chikungunya et Zika
En 2022, 65 cas de dengue autochtone ont été recensés dans l’Hexagone. Le nombre de cas d’arboviroses – ces maladies virales transmises par les arthropodes dont les moustiques – importés en métropole, a été multiplié par 4,5 entre 2015 et 2019, selon les chiffres de Santé publique France. « On doit donc s’attendre à une augmentation des cas en métropole au cours des prochains étés, bien que d’amplitude difficile à anticiper, et à de nouveaux foyers de dengue, chikungunya et Zika sur l’ensemble des territoires français », écrit le Covars dans son avis.
Pour rappel, les piqûres de moustiques sont uniquement le fait de la femelle. Celle-ci prélève l’agent pathogène en se nourrissant du sang d’une personne ou d’un animal infecté et le transmet, par la salive, lors d’un repas suivant.
Le changement climatique en cause
La propagation des moustiques vecteurs de ces maladies s’explique notamment par la hausse des températures. Ainsi, selon le Covars, le changement climatique favorise en Europe, « une meilleure survie des femelles d’Aedes, une augmentation du nombre de générations et une période d’activité annuelle plus grande, un accroissement des populations de moustiques, un développement plus rapide des agents infectieux dans le corps des moustiques, et une augmentation du contact humains/vecteurs ».
Les mouvements massifs de population lors des grands événements internationaux accroîtraient également les risques de propagations des arboviroses. Dans le viseur du Covars, la Coupe du monde de rugby en septembre et octobre 2023 et les Jeux olympiques de Paris 2024 : « la conjonction prochaine de grands évènements sportifs internationaux en métropole pendant la saison estivale, engendrant d’importantes migrations de populations venant du monde entier renforce les risques de survenue de foyers de dengue, Zika et chikungunya ».
Des simulations en amont des grands événements sportifs
Le Covars recommande à ce titre de se préparer à ces événements en simulant le déclenchement du plan Orsec, « par exemple en simulant 20 foyers et 200 cas en PACA et 20 foyers et 200 cas en Occitanie en 2023 ». Autre proposition : simuler la survenue de cinq foyers de dengue autour de cinq sites des Jeux olympiques.
Plus généralement, le Covars plaide pour une meilleure formation des professionnels de santé sur ces arboviroses et une meilleure prise en charge des formes graves. Il recommande en outre de renforcer la stratégie vaccinale, contre la dengue notamment, et de mettre l’accent sur la recherche de nouveaux vaccins. Il apparaît également primordial de sensibiliser les populations aux risques et d’agir collectivement sur la surveillance et la prévention. Ainsi, parmi les bonnes pratiques, il est impératif, chez soi, de faire la chasse aux eaux stagnantes, lieux de ponte des femelles.
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Source : Avis du Covars du 3 avril 2023, Vigilance-moustiques
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par : Vincent Roche