Bisphénols : toujours trop présents dans les produits du quotidien
20 avril 2023
Les bisphénols seraient encore largement présents dans les contenants alimentaires et les produits destinés aux bébés. L’UFC-Que Choisir alerte sur les dangers de ces substances et réclament leur interdiction.
L’UFC-Que choisir a alerté mercredi 19 avril sur la présence de bisphénols dans un grand nombre de produits pour bébés ou de contenants alimentaires. L’association réclame l’interdiction de ces substances dans « les produits du quotidien les plus à risques ».
A quoi servent les bisphénols ? Ces substances sont « utilisées pour produire des polymères et des résines, qui servent ensuite à fabriquer des matériaux plastiques. Ils forment une grande famille constituée de nombreuses substances qui ont des structures chimiques et des utilisations similaires », explique l’agence chimique européenne. On connaît plus particulièrement le bisphénol A (BPA) et le bisphénol S (BPS), chacun étant suspecté d’être dangereux pour la santé. Reconnu comme perturbateur endocrinien, le bisphénol A est interdit en France depuis le 1er janvier 2015 dans l’ensemble des jouets pour bébés, les biberons et les contenant alimentaires.
Les perturbateurs endocriniens plus nocifs chez les nourrissons
L’UFC-Que Choisir explique dans son communiqué de presse avoir recherché la présence du BPA et d’autres types de bisphénols dans plus d’une centaine d’emballages alimentaires ou d’objets destinés aux bébés. « Nos tests révèlent la présence de différents bisphénols dans 6 gourdes et tasses pour bébé sur les 14 testées, ainsi que dans 7 anneaux de dentition sur 12 », note l’association. L’exposition aux bisphénols est encore plus préoccupante chez les tout-petits. « Les perturbateurs endocriniens sont plus particulièrement nocifs aux stades précoces du développement des enfants », souligne l’UFC-Que Choisir.
En outre, l’ensemble des boîtes de conserve et canettes testées contenait aussi des bisphénols. « La barrière placentaire n’offre au fœtus aucune protection contre ces molécules qui ne doivent pas se retrouver dans les produits alimentaires consommés par la mère », prévient l’association.
Si la France a interdit le bisphénol A à tous les contenants alimentaires, ce n’est pas le cas pour l’Europe qui s’en tient pour l’heure à une interdiction uniquement pour les produits destinés aux bébés. Quant aux autres bisphénols, soupçonnés d’être tout aussi dangereux pour la santé, ils sont autorisés en France et dans l’Union européenne.
Alerte de l’Agence européenne de sécurité des aliments
Les conclusions des tests menés par l’UFC-Que Choisir ont été publiées le même jour que celles de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) spécifiques au bisphénol A. Selon l’EFSA, la dose journalière tolérable (DJT) doit être divisée par 20 000. « Les experts ont de l’EFSA ont établi une DJT de 0,2 nanogramme (2 milliardièmes de gramme) par kilogramme de poids corporel par jour, remplaçant la limite temporaire précédente de 4 microgrammes (4 millionièmes de gramme) par kilogramme de poids corporel par jour », précise l’autorité sanitaire européenne.
Pourquoi une telle recommandation ? Selon les scientifiques de l’EFSA, une exposition trop importante au bisphénol A pourrait être responsable d’une augmentation du pourcentage d’un certain type de globules blancs dans la rate. « Ils jouent un rôle clé dans nos mécanismes immunitaires cellulaires et une telle augmentation pourrait conduire au développement d’une inflammation pulmonaire allergique et de troubles auto-immuns », explique Dr Claude Lambré, président du groupe scientifique de l’EFSA sur les matériaux en contact avec les aliments.
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Source : UFC – Que choisir, EFSA, ECHA
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Laura Bourgault