Perturbateurs endocriniens : les femmes enceintes, de plus en plus exposées
18 mai 2022
Les perturbateurs endocriniens sont néfastes pour la santé, en particulier celle des populations fragiles. Parmi elles, les enfants à naître. Or une nouvelle étude montre que les femmes enceintes sont encore trop exposées à ces substances toxiques.
De nombreuses études ont montré les risques d’une exposition aux perturbateurs endocriniens pendant la grossesse. L’enfant à naître voit, entre autres, son risque de développer des troubles du comportement augmenter. Et sa fonction respiratoire peut être altérée. Et pour cause : comme le reste de la population, les femmes enceintes sont très largement exposées à ces produits chimiques toxiques via l’air, l’alimentation ou encore les cosmétiques et les produits de nettoyage.
Pas d’amélioration, malgré les interdictions
Bisphénol, phtalates, pesticides… En 2016, une étude française portant sur la cohorte Elfe révélait « la présence d’un ou plusieurs polluants chez la quasi-totalité des femmes enceintes de l’étude ». Une nouvelle étude menée aux Etats-Unis cette fois conduit à un constat similaire. Dans ce nouveau travail, 103 produits ont été retrouvés dans l’analyse d’urine de 117 femmes enceintes. Près de 80% d’entre eux ont été trouvés au moins chez une des femmes testées. Et plus d’un tiers a été détecté chez la majorité des participantes.
« Notre travail révèle que le nombre et l’étendue des produits chimiques auxquels sont exposées les femmes enceintes restent toujours élevés », soulignent les auteurs. « Et ce malgré les diverses interdictions de certains produits » comme le bisphénol A dans les plastiques alimentaires*. En effet, parmi les substances identifiées, « plusieurs sont des remplacements de produits désormais interdits ». Or « ceux-ci pourraient très bien être aussi toxiques que leurs prédécesseurs », s’inquiètent les auteurs. Un constat alarmant quand on sait que la combinaison de plusieurs produits conduit à un effet cocktail.
La pauvreté, un facteur de risque
Si toutes les femmes enceintes semblent exposées à des perturbateurs endocriniens, l’étude montre toutefois que certaines sont plus à risque que d’autres. Parmi elles, les femmes non-blanches, celles n’ayant pas fait d’études supérieures, celles qui sont célibataires ou encore celles ayant été exposées au tabac. En clair, les catégories plus souvent les moins favorisées socialement. Pourquoi ? « Cela pourrait s’expliquer par une plus importante consommation d’aliments ultra-transformés et de produits cosmétiques contenant davantage de produits chimiques », suggèrent les scientifiques.
*depuis le 1er janvier 2015 en France