Cancer : 5 idées reçues sur la nutrition

04 février 2025

Entre raccourcis et contradictions, en matière de cancers et de nutrition, il existe une densité d’informations tellement importante qu’elle peut s’avérer dangereuse pour la santé des patients. Tour d’horizon des principales idées reçues à battre en brèche.

« Je suis en surpoids. Perdre quelques kilos m’aidera à mieux supporter les traitements… » FAUX.

« Pendant un traitement pour un cancer, il est essentiel de ne pas perdre de poids et d’éviter la dénutrition (perte de masse musculaire) », lit-on sur le site de l’Institut Gustave Roussy (IGR), de Villejuif. Et ce, « que l’on soit en surpoids (excès de masse grasse) ou à poids normal ». En effet, si les apports alimentaires ne couvrent pas les besoins –augmentés en raison du cancer – de l’organisme, celui-ci sera contraint de puiser dans ses réserves, avec un risque de dénutrition. Et donc de diminution de la tolérance des traitements, mais aussi du moral. .

« Comme mon cancer se nourrit de sucre, j’arrête d’en manger pour l’affamer. » FAUX

Certes, les cellules tumorales se nourrissent de glucose, mais comme de nombreuses autres, plus utiles, celles-ci ! A l’image des cellules immunitaires qui ont également besoin de glucose pour défendre l’organisme en cas d’agression. Sans compter que, faute de sucres, les cellules tumorales s’adapteront et trouveront d’autres sources d’énergie. Le fait de les « affamer » constitue donc un non-sens.

« Je dois manger de la viande tous les jours, durant mon traitement ». VRAI et FAUX

Comme le soulignent les représentants de l’IGR, « après ou pendant un traitement par radiothérapie ou chimiothérapie, ou après une intervention chirurgicale, l’organisme a un besoin en protéines plus important que d’habitude ». Les protéines de la viande contribuent donc à maintenir la masse musculaire. En revanche, d’autres sources sont disponibles et permettent une forme de variété : les œufs, les produits laitiers et les poissons pour la sphère animale. Et les légumineuses et produits céréaliers (avoine, quinoa, épeautre…), du côté des végétaux.

« Il existe des aliments anti-cancer ». FAUX

L’IGR est formel : « si une alimentation équilibrée et variée peut contribuer à réduire le risque de certains cancers, aucun aliment seul ne peut être efficace. Il n’existe pas d’aliment miracle anti-cancer » ! De la même façon, aucun aliment ne peut ni ne doit se substituer aux traitements ou ne doit être privilégié. En revanche, le pamplemousse – sous forme de fuit ou de jus – est à éviter : il peut interagir avec certains médicaments, augmentant ainsi la fréquence et la gravité de leurs effets indésirables.

« Manger du curcuma diminue les effets secondaires de la radiothérapie ou de la chimiothérapie ». VRAI et FAUX.

Le curcuma et notamment la curcumine que cette plante renferme, peut présenter, à en croire certaines études, des propriétés anticancéreuses potentiellement intéressantes. Mais les éventuels effets observés l’ont été sur l’animal et sur des cellules isolées lors d’expérimentations. Ce qui signifie que pour espérer un quelconque effet chez l’homme, il faudrait en consommer des quantités pas du tout atteignables et même déconseillées ! Sans compter que l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses), précise qu’il « existe un risque lié aux interactions de la curcumine avec certains médicaments tels que les anticoagulants, les anticancéreux et les immunosuppresseurs ».

L’IGR rappelle que « la prise en charge nutritionnelle est essentielle pour chaque phase de traitement car l’objectif principal est de maintenir une alimentation variée et équilibrée pour éviter les carences et la dénutrition ». Et de conclure : « le cancer est une épreuve pour votre corps ainsi que pour votre mental, c’est une période où vous devez prendre soin de vous sans être trop exigeant ».

  • Source : Institut Gustave Roussy, Nutrition et cancer – Mon carnet d’informations – Onco Nouvelle-Aquitaine. Les idées reçues sur l’alimentation et le cancer – Anses, Des effets indésirables liés à la consommation de compléments alimentaires contenant du curcuma. 27 juin 2022

  • Ecrit par : David Picot – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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