Cancer de la prostate : la piste des bactéries  

11 mai 2022

Les antécédents familiaux sont le principal facteur de risque du cancer de la prostate, le cancer masculin le plus fréquent. La présence d’un certain type de bactéries pourrait également être impliquée dans le développement de cancers agressifs, selon une récente étude britannique.

Si les antécédents familiaux sont le facteur de risque le mieux établi du cancer de la prostate, d’autres éléments entrent en ligne de compte : l’âge (environ 70 ans au moment du diagnostic), et une origine africaine ou antillaise. Dans ce dernier cas, le cancer de la prostate peut avoir été favorisé par une exposition au chlordécone, le pesticide longtemps utilisé dans la culture de la banane. Depuis décembre dernier, le cancer de la prostate est d’ailleurs reconnu comme maladie professionnelle pour les travailleurs agricoles exposés.

Plusieurs équipes de recherche se sont également intéressées à d’autres possibles facteurs de risque, relevant par exemple de l’alimentation (le rôle des produits laitiers est régulièrement questionné dans l’apparition du cancer de la prostate), ou du tour du taille (l’obésité abdominale est associée à un surrisque). Au Royaume-Uni, les chercheurs de l’université d’East Anglia ont eux cherché à déterminer si certaines bactéries pouvaient jouer un rôle dans l’évolution du cancer de la prostate.

Urine et tissus

Ils ont donc étudié des échantillons d’urine et de tissus provenant de plus de 600 hommes atteints ou non d’un cancer de la prostate, puis mis au point des méthodes permettant de détecter si certaines bactéries étaient associées au cancer agressif de la prostate. Les auteurs de l’étude, publiée dans la revue European Urology Oncology, ont constaté qu’en effet, cinq types de bactéries spécifiques étaient liées à la présence de grades plus élevés de cancer de la prostate et à une progression plus rapide vers une maladie agressive.

Mais avant d’établir formellement un lien de causalité entre la présence de ces bactéries et le cancer agressif de la prostate, plusieurs questions restent en suspens : « Nous ne savons pas encore comment les gens attrapent ces bactéries, si elles sont à l’origine du cancer ou si une mauvaise réponse immunitaire permet leur croissance », confirme le Dr Rachel Hurst, premier auteur de ces travaux et chercheuse associée de la Norwich Medical School de l’université d’East Anglia, dans un communiqué.

D’autres recherches sont donc nécessaires pour établir si ces bactéries sont la cause ou une conséquence de ces cancers. « Mais nous espérons que nos découvertes et nos travaux futurs pourraient déboucher sur de nouvelles options thérapeutiques, qui pourraient ralentir ou empêcher le développement du cancer agressif de la prostate », ajoute la chercheuse. « Nos travaux pourraient également jeter les bases de nouveaux tests qui utilisent les bactéries pour prédire le traitement le plus efficace pour le cancer de chaque homme ».

A noter : Lorsqu’il est diagnostiqué précocement, le cancer de la prostate est de bon pronostic « avec un taux de survie à 5 ans de plus de 90 % », indique l’Institut national du cancer.

  • Source : European Urology Oncology, InCa, Institut Curie - 27 avril 2022

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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