Cancer des ovaires : le syndrome de stress post-traumatique en cause ?

16 septembre 2019

Comme toutes les tumeurs, le cancer des ovaires est multifactoriel. La génétique, l’âge… et la fragilité psychologique pourraient aussi entrer en ligne de compte. Nouvelle origine mise en lumière : la survenue d’un syndrome de stress post-traumatique. Comment l’expliquer ?

Un syndrome de stress post-traumatique altère le quotidien des victimes, bien souvent sur le long terme. De là à provoquer des cancers des ovaires ? La réponse semble positive selon des chercheurs américains.

Pour le prouver, l’équipe du Pr Andrea Roberts* a passé au crible les données de femmes inclues dans la Nurses’ Health Study II, entre 1989 et 2015. Toutes ont complété des questionnaires portant sur un potentiel diagnostic de cancer de l’ovaire. Et en 2008, un total de 54 763 femmes a renseigné les événements traumatiques rencontrés pendant leur vie. Mais aussi les symptômes associés. Ensuite, chacune a du retenir l’événement le plus traumatique, et rapporter l’année de sa survenue. Elles ont aussi été interrogées sur les 7 symptômes liés à ce souvenir précis.

Sur la base de ces réponses, 6 groupes ont été constitués : les femmes non exposées à un traumatisme, les femmes rapportant un traumatisme mais n’ayant pas souffert d’un syndrome de stress post-traumatique, les femmes victime d’un traumatisme et rapportant 1 à 3 symptômes du syndrome de stress post-traumatique, de 4 à 5 symptômes puis de 6 à 7 pour les deux groupes suivant. Et enfin les femmes traumatisées mais dont les symptômes liés au syndrome post-traumatique n’étaient pas connus.

Résultat, « les femmes ayant souffert d’au moins 6 symptômes associés au syndrome de stress post-traumatique sont deux fois plus exposées au risque de cancer des ovaires, comparées aux femmes épargnées par cette souffrance », détaille le Pr Roberts. Un tableau guère réjouissant. D’autant que « la tumeur concernée est la plus agressive parmi les cancers de l’ovaire ».

Mais de quels symptômes parle-t-on ? Du fait de « sursauter fortement au moindre bruit ordinaire ou d’éviter toute évocation de ce souvenir ». Cette fragilité perdure plusieurs décennies après l’apparition du syndrome de stress post-traumatique.

Comment l’expliquer ? Selon des études menées chez l’animal, « les hormones liées au stress peuvent accélérer la croissance tumorale des ovaires. Et ce stress chronique peut provoquer ces tumeurs invasives ».

« A la lumière de ces découvertes, nous avons maintenant besoin de comprendre si un traitement efficace du syndrome de stress post-traumatique permettrait de limiter ce risque de cancer », continue la chercheuse. « Avec la dépression, le syndrome de stress post-traumatique peut désormais constituer un second facteur de risque du cancer de l’ovaire. » Autant d’éléments ayant le potentiel d’« améliorer la prévention de cette tumeur », explique le Pr Shelley Tworoger, chercheuse ayant participé à l’étude.

A noter : en France, cette tumeur affecte 4 500 nouvelles patientes chaque année.

* Harvard T.H. Chan School of Public Health and Moffitt Cancer Center

  • Source : Cancer Research, le 5 septembre 2019

  • Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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