Cancer : élargir les indications des thérapies ciblées ?

04 juin 2015

Le profilage génétique des tumeurs est une réalité. De plus en plus de traitements dans le cancer sont d’ailleurs des thérapies ciblées, c’est-à-dire qu’elles sont indiquées dans les tumeurs présentant une mutation spécifique. Mais parfois, un médecin, souhaitant offrir une chance supplémentaire à son patient, décide d’administrer une de ces thérapies hors de son indication, quand la tumeur est porteuse de la mutation ciblée. L’American Society of Clinical Oncology (ASCO), dont le congrès s’est déroulé du 29 mai au 2 juin 2015, lance son tout premier essai clinique pour déterminer le bénéfice de cette pratique.

Donner un traitement officiellement indiqué pour un autre cancer à un malade souffrant d’une tumeur métastatique d’un autre organe ? « Si vous réalisez le profilage génomique d’une tumeur, vous avez entre 40% et 70% de chances de tomber sur au moins une cible thérapeutique », indique Richard L. Schilsky, chef médical de l’ASCO. Alors pourquoi ne pas faire bénéficier tout patient porteur de cette mutation d’un traitement efficace, Même si son cancer ne fait pas partie des indications inclues dans l’Autorisation de mise sur le marché (AMM) ? Le but de cet essai clinique américain qui devrait débuter à la fin 2015 sera justement « de déterminer si ces pratiques sont bénéfiques pour les patients ou pas », poursuit-il.

L’étude décrira l’efficacité anti-tumorale ainsi que la toxicité de ces administrations, hors-AMM. « On ne sait pas si ces pratiques sont bonnes ou mauvaises », explique Schilsky. « Ce travail va nous permettre de l’encourager si elle l’est. Et de l’encadrer si elle l’est moins. »

Des malades souffrant de tumeurs solides avancées, de lymphome non-hodgkinien et de myélomes multiples seront recrutés aux Etats-Unis. Dans chaque groupe par cible thérapeutique, ils seront 8 pour commencer. Ensuite, si aucune réponse positive n’est décrite, le groupe sortira de l’étude. En revanche, si le traitement se montre efficace dans au moins un cas, les chercheurs recruteront entre 16 et 24 nouveaux patients. Les résultats de cet essai ambitieux, tout comme ceux d’ACSé mené par l’Institut national sur le Cancer (INCa) en France, seront sans doute d’une grande aide dans le développement d’une médecine de plus en plus personnalisée.

  • Source : de notre envoyée spéciale au 51e congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO), à Chicago, 29 mai – 2 juin 2015

  • Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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