Cancer : mieux vivre grâce à l’activité physique
07 juin 2022
En cas de cancer, maintenir une activité physique adaptée permet d’améliorer la qualité de vie. Si son efficacité est reconnue dans plusieurs formes de la maladie (lors d’un cancer du sein par exemple), qu’en est-il pour les tumeurs de mauvais pronostic, comme le cancer du pancréas ?
« Maintenir une activité physique adaptée (APA) permet d’améliorer l’état de santé, le moral, la qualité de vie », rappelle le Dr Carole Bouleuc, cheffe du département DISSPO* à l’Institut Curie. « Elle réduit d’environ 25 % le niveau de fatigue. Seule thérapeutique non médicamenteuse aujourd’hui reconnue, elle améliore le sommeil et a un bon impact émotionnel et psychologique. Elle permet aussi de réduire le stress, d’améliorer la concentration et les fonctions cognitives et de prévenir surpoids et obésité. »
Activité physique adaptée, de quoi parle-t-on ?
L’activité physique comprend le sport en tant que tel. Mais pas seulement. Elle concerne également tous les mouvements de la vie courante comme le fait de marcher, jardiner, faire le ménage, monter les escaliers…
Dans le cadre du cancer, on parle d’activité « adaptée » car les conditions de pratique varient selon les patients en fonction de l’état de santé, des traitements et des souhaits et possibilités individuelles. Les programmes doivent donc être ajustés en fonction de tous ces critères ainsi que du niveau initial d’activité physique.
Des bienfaits sur les cancers agressifs
Si les effets bénéfiques de l’activité adaptée ont déjà été démontrés, notamment chez les patientes traitées pour un cancer du sein, les données dans les cancers digestifs, en particulier avancés (et non opérables) étaient jusque-là plus limitées.
« Jusque-là », car lors de la dernière édition du congrès mondial du Cancer qui vient de s’achever à Chicago, des scientifiques de l’Institut Curie ont présenté les résultats de leurs recherches concernant la pertinence de l’APA dans le cancer du pancréas.
En suivant plus de 300 patients, les chercheurs ont ainsi observé une amélioration significative de plusieurs dimensions de leur qualité de vie, aussi bien au niveau de leurs fonctionnements physique, émotionnel et cognitif que de certains symptômes (fatigue, douleur, nausées, appétit). « Nous montrons également une tendance (non significative) à l’amélioration de la survie globale sans progression, et du taux de réponse aux traitements », se réjouit le Dr Cindy Neuzillet, gastroentérologue, spécialiste des cancers digestifs à l’Institut Curie. « Nous confirmons par ailleurs que l’activité physique adaptée est faisable et sans risque chez ces patients. Une seule conclusion à retenir : recommander la pratique d’activité physique adaptée aux patients atteints de cancer du pancréas avancé. »
Précisons que la même équipe vient de lancer un essai clinique de phase II visant à évaluer l’intérêt d’un programme individualisé de nutrition et d’activité physique chez des patients atteints de cancers bronchiques ou digestifs avancés.
A noter : Ce 8 juin, l’Institut Curie organise sa première journée de sensibilisation à la pratique de l’activité physique adaptée. Au programme, au sein de son hôpital parisien : initiations/démonstrations (rugby, escrime adaptée, marche nordique…), rencontres et conférences avec les professionnels de santé et de l’activité physique adaptée sur les bienfaits de l’APA et les recommandations…
*Département Interdisciplinaire de Soins de Support pour le Patient en Oncologie