Maladie du foie gras : deux formes différentes découvertes par des chercheurs français

09 décembre 2024

La MASH, stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique, est une maladie hépatique chronique qui affecte près de 20 % de la population adulte mondiale. Et elle ne cesse de progresser. Des chercheurs viennent de découvrir qu’il n’existe pas une mais deux formes de MASH, l’une génétique et l’autre liée à des désordres métaboliques. Une découverte qui devrait changer la prise en charge clinique et thérapeutique de la maladie.

On la connaissait avant sous le nom de NASH, acronyme de Non-Alcoholic SteatoHepatis (stéatohépatite non alcoolique). On la désigne désormais par l’acronyme MASH pour Metabolic associated steatosis hepatitis, en français stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique.

La MASH est une maladie du foie qui s’installe progressivement. Au départ, la stéatose hépatique métabolique désigne les affections causées par une accumulation de graisses dans le foie. Si cette accumulation se poursuit, une inflammation, appelée hépatite, peut s’installer et devenir chronique. On parle alors de MASH, maladie hépatique chronique la plus fréquente dans le monde avec près de 20 % de la population adulte concernée. Et la pandémie va croissant, en même temps que les chiffres de l’obésité et du diabète augmentent.

Une évolution très variable

La maladie évolue vers une fibrose du foie (les tissus non-fonctionnels durcissent et perdent en élasticité) puis en cirrhose (destruction des cellules hépatiques et régénération anarchique sous forme de nodules), dans les cas les plus graves en cancer du foie. Cette progression de la maladie est très variable d’un patient à l’autre, concernant notamment la sévérité des symptômes et les complications associées. C’est pourquoi une équipe, coordonnée par l’Inserm et formée de chercheurs issus de l’Inria*, du CNRS, de l’université, du CHU, et de l’Institut Pasteur de Lille (Nord) s’est penchée sur l’hypothèse suivante : et, si contrairement à ce qui était admis jusqu’ici, il n’y avait pas une mais deux formes de MASH ?

En analysant, via un algorithme, les données cliniques et biopsies de foie de 1 800 patients, les chercheurs, dont les travaux ont été publiés dans la revue Nature Medecine, ont mis en évidence deux profils distincts de patients à risque de MASH. Ils y sont parvenus sur la base de seulement six variables : l’indice de masse corporelle, le taux d’enzyme hépatique alanine aminotransférase (ALT), l’âge, le taux de cholestérol LDL (le mauvais cholestérol), le taux de triglycérides (un type d’acides gras), et celui d’HbA1c, hémoglobine glyquée qui reflète le taux moyen de glucose dans le sang.

L’un des deux groupes de patients est notamment caractérisé par un taux de triglycérides (graisses stockées dans le tissus adipeux) et d’HbA1c élevés (hémoglobine glyquée qui permet de mesurer le taux de sucre dans le sang) et l’autre par un taux anormal d’enzyme hépatique ALT (un taux élevé signale une atteinte du foie). Ces résultats ont pu être obtenus grâce à des patients, qui ont accepté une biopsie du foie à l’occasion d’une chirurgie de l’obésité au CHU de Lille.

Des patients plus jeunes dans la forme génétique

En poussant les analyses, les chercheurs ont découvert qu’outre les deux profils de patients, ceux-ci présentaient en réalité deux formes de MASH différentes. Le groupe avec les taux de triglycérides et d’HbA1c élevés sont atteints d’une MASH de type cardio-métabolique, les lipides circulants sont du sang vers le foie. L’autre groupe, avec l’enzyme hépatique ALT élevé, « développe une MASH spécifique du foie, d’origine génétique, caractérisée par un dysfonctionnement hépatique qui conduit le foie à produire des acides gras qui s’accumulent à l’intérieur de cet organe ».

En termes de sévérité de la maladie, en quoi ces deux formes différent-elles ? « La MASH spécifique du foie apparait chez des personnes plus jeunes et provoque essentiellement des maladies hépatiques graves alors que la seconde, de type cardio-métabolique, expose aussi au diabète de type 2 et à la survenue d’accidents cardiovasculaires », répond l’Inserm. Les deux formes présentent des mécanismes biologiques spécifiques de même qu’une progression clinique très différente.

« Il s’agit d’une avancée importante vers une médecine de précision, avec l’idée que nous pourrions adapter à l’avenir la prise en charge des patients selon le type dont ils sont atteints. En particulier, plusieurs médicaments sont en développement pour lutter contre cette maladie, avec des résultats hétérogènes. Il serait utile de les évaluer de façon distincte selon le type de MASH », souligne le professeur Philippe Mathurin, hépatologue, impliqué dans ce travail.

Une application a d’ores et déjà été mise au point pour les soignants. Elle permet, sur la base des six variables citées plus haut, d’identifier le type de MASH d’un patient. Ce qui permettra de prédire l’évolution de la maladie et d’adapter la prise en charge.

* Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique

  • Source : Inserm, Nature Medecine

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

Aller à la barre d’outils