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© Pixel-Shot/Shutterstock.com
Chaque année en France, 2 300 nouveaux cas de cancers sont diagnostiqués chez des enfants (de 0 à 17 ans). Les principaux types de cancers observés sont les leucémies, les tumeurs du système nerveux central et les lymphomes. Les traitements anticancéreux posent souvent problème pour une raison qui peut surprendre : le manque de médicaments adaptés aux enfants.
La recherche et le développement des médicaments restent essentiellement orientés vers les indications adultes et les formes galéniques adaptées à l’enfant demeurent limitées. Désagréable au goût, trop gros pour être avalé, trop dosés… les médicaments anticancéreux prescrits aux enfants sont souvent inadaptés à ce public. Ce qui peut déboucher à des mésusages, inobservance du traitement voire altération du principe actif.
« Ouvrir une gélule trop grosse pour la diluer dans de la compote de pommes peut être néfaste pour les enfants, car l’acidité du fruit peut venir réduire l’efficacité du traitement par exemple. Il est donc primordial que le développement de médicaments conçus pour nos jeunes patients monte en puissance », explique le Dr Maxime Annereau, pharmacien hospitalier à Gustave Roussy à Villejuif (Val-de-Marne), dont les propos sont relayés dans un communiqué de presse du centre anticancer.
Dans cette optique, l’Agence européenne du médicament a créé le statut PUMA, une autorisation de mise sur le marché pour un usage pédiatrique. Il s’agit d’une autorisation spécifique, moyennant une procédure simplifiée et incitative, qui couvre les indications et les formulations appropriés pour des médicaments destinés exclusivement aux enfants. Objectif : encourager le développement de médicaments adaptés aux jeunes patients. « En l’espace de 20 ans, seulement sept traitements ont reçu le statut PUMA développé par l’Agence européenne du médicament, qui concerne des comprimés, sirops, etc., spécialement pensés pour la pédiatrie », regrette le Dr. Maxime Annereau.
Alors, pour adapter lui-même les médicaments, le centre Gustave-Roussy s’est équipé de deux imprimantes 3D qui reposent sur une technologie par gel ou filament. « Concrètement, une seringue délivre directement sur une plaque en métal une pâte médicamenteuse préalablement chauffée. L’impression en 3D permet de jouer sur la forme, la texture et le goût des traitements produits », note le centre anticancer. La totalité des données de l’impression étant programmables et ajustables depuis un ordinateur connecté à l’imprimante, le pharmacien adapte les doses à la demande, en fonction du patient.
Quant au goût des médicaments, parfois jugé trop amer pour les jeunes papilles, une couche de sucre aux arômes menthe ou cola est interposée entre deux couches de principes actifs.
Exemple concret avec le sarcome des tissus mous, qui représente 8 % des cancers pédiatriques. Le rhabdomyosarcome (environ 60 %), développé à partir de cellules musculaires est le plus fréquent mais il existe de nombreux types de sarcomes des tissus mous.
Un antibiotique est prescrit aux enfants pour prévenir les effets indésirables de la chimiothérapie. Mais, beaucoup trop amer, ces petits patients n’en veulent pas. Pour contourner le problème, le centre Gustave-Roussy développe actuellement des gummies, des bonbons gélifiés à l’image des fameux nounours d’Haribo, à l’arôme mentholé. « L’impression 3D nous a permis de changer le goût et la texture de ce médicament, mais aussi sa forme, afin de renforcer son observance », explique le Dr Samuel Abbou, onco-pédiatre à Gustave Roussy.
Selon l’hôpital, « les imprimantes 3D pourront à terme produire 60 antibiotiques par heure, 500 par jour. En deux ans, la production a été multipliée par quatre, et de nouveaux projets d’envergure sont à l’étude ». Le dispositif est en effet déclinable pour de très nombreux traitements et pour des publics très variés.
Source : Institut Gustave Roussy, Agence européenne du médicament, Institut national du cancer
Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet