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« Les cauchemars font partie intégrante du développement psychique de l’enfant », explique Florence Millot, psychologue pour enfants et adolescents. Et de rassurer : « la plupart du temps, ils traduisent un travail émotionnel normal ». Les premiers apparaissent généralement entre 2 ans et demi et 3 ans, « au moment où l’enfant commence à développer son imagination et à vivre ses premières angoisses de séparation », enchaîne-t-elle. « Il prend alors conscience qu’il est une personne distincte de ses parents ce qui fait naître des peurs nouvelles : peur du noir, du loup, du voleur, de disparaître ou de perdre ses proches ».
Les cauchemars constituent « le reflet du monde intérieur de l’enfant » et, en conséquence, une voie d’expression de ses émotions. « Votre rôle de parent est d’être un point d’ancrage ». Autrement dit, il s’agit d’accueillir puis d’écouter et de rassurer, dans un moment, où lorsqu’un enfant se réveille en pleurs, « il vit réellement son cauchemar. A ce stade, son cerveau ne distingue pas encore clairement le réel de l’imaginaire », rappelle-t-elle. Florence Millot prône donc quelques gestes simples :
– le rassurer « physiquement » : prendre sa main, parler doucement, lui rappeler qu’il est en sécurité ;
– l’inviter à raconter son cauchemar : « cela aide l’enfant à mettre des mots sur ses peurs » ;
– lui proposer – le lendemain ? – de donner forme à ses images : « un dessin, une mise en scène, un jeu de rôle peuvent l’aider à apprivoiser le monstre ou le transformer », explique-t-elle. « L’on peut même inventer ensemble la suite de l’histoire pour que la peur devienne une aventure maîtrisée. L’objectif n’est pas d’effacer le cauchemar, mais de permettre à l’enfant d’en faire quelque chose de créatif et d’apaisant ».
Rappelons que les cauchemars sont fréquents entre 3 et 5 ans, avant que diminuer vers 6 ans, lors de l’entrée au CP. Cependant, comme le confirme la psychologue, il peut être utile de consulter un professionnel (psychologue ou pédopsychiatre) si :
– les cauchemars sont très récurrents : plusieurs fois par semaine, pendant plus de deux mois ;
– l’enfant a peur de s’endormir ou revient sans cesse sur le même rêve ;
– les cauchemars s’accompagnent de signes d’angoisse dans la journée : peur de la séparation, irritabilité, tristesse…
– un événement difficile a eu lieu récemment. A l’image d’un changement d’école, d’une séparation ou un contexte de tension familiale.
Florence Millot ajoute : « Avant d’en arriver là, l’on peut déjà apaiser le moment du coucher : proposez-lui un rituel calme et sécurisant et évoquez les moments positifs de la journée ». Il peut s’agir par exemple, de lui lire une histoire ou de l’aider à bien respirer et à détendre son corps.

Source : Florence Millot, 6 novembre 2025

Ecrit par : David Picot - Edité par Emmanuel Ducreuzet
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