Des cellules sentinelles de l’immunité

16 février 2017

Une nouvelle fois, les prouesses du microscope nous plongent au cœur des cellules. Et en particulier celles capables de renforcer notre système immunitaire. Un exemple ? La connaissance de plus en plus pointue des pDC. Ces cellules répertoriées dans la classe des globules blancs constituent aujourd’hui de véritables espoirs dans la prise en charge de maladies comme le cancer. Mais aussi la dépression et les allergies.

« Un nouvel eldorado », le terme est fort mais bel et bien employé par les scientifiques du Centre national de la recherche scientifique (CNRS)* pour qualifier les pDC. Le nom de ces cellules – encore inconnues dans les années 1990 – est un peu barbare : les cellules dendritiques plasmacytoïdes. Mais comme le prouvent les 10 000 études accumulées sur ce sujet en 25 ans, ces dernières ne manquent pas de ressources pour aider notre organisme à se défendre des agents pathogènes. Et leur efficacité tient… à leur réactivité.

Des cellules qui « patrouillent dans le sang »

Invisibles à l’œil nu, ces « cellules interviennent en effet en première ligne lors d’une infection », notent les scientifiques du CNRS. « Elles patrouillent un peu partout dans notre corps via le sang ». Puis elles repèrent le pathogène par la présence de « molécules spéciales situées à la surface de la bactérie ou du virus ». Les pDC enclenchent alors la phase d’attaque « en déversant dans le sang de très grandes quantités d’une molécule antivirale puissante : l’interféron ». Fabriquée par les pDC eux-mêmes et d’autres globules blancs, cette protéine « contribue à inhiber la prolifération des microbes dans les cellules ».

Les pDC ne représentent que 0,5% des globules blancs de l’organisme. Malgré leur rareté, elles disposent d’un pouvoir énorme en produisant 1 000 fois plus d’interféron comparé aux autres cellules de l’organisme sécrétant aussi cette substance (macrophages, monocytes).

Des propriétés antivirales et anti-tumorales

Grâce à leur pouvoir, les cellules dendritiques plasmacytoïdes pourraient bien former une armada thérapeutique dans la prise en charge de la dépression et des allergies. La lutte contre le cancer est aussi envisagée : l’interféron sécrété possède aussi des propriétés anti-cancéreuses. En effet, à la surface des pDC, une molécule tueuse appelée Trail induit la mort des cellules tumorales. En plus du cancer, une efficacité des pDC est aussi envisagée contre « l’hépatite C et la dengue ».

En revanche, ces cellules s’avèrent délétères lorsqu’elles agissent sur le long terme. C’est le cas de la « sclérose en plaques », explique le Pr Jean-Philippe Herbeuval*. Mais aussi du virus du VIH/SIDA, maladie infectieuse au cours de laquelle l’action des pDC dépend précisément du stade de l’infection. « Dans les 3 à 6 semaines après la contamination, les pDC limitent la prolifération du VIH », explique le scientifique. En revanche, quand la phase chronique de la maladie s’enclenche, ces cellules auraient « un rôle plus complexe voire délétère ». Mais pour quelles raisons ? A ce stade de la maladie, les pDC détruiraient d’autres cellules clés de l’immunité, les CD4, déclenchant ainsi les premiers symptômes de l’infection.

Une modulation plus fine

A terme, les chercheurs souhaitent mettre au point des molécules « capables de moduler plus finement l’activité des pDC. Un énorme défi déjà sur les rails. Aujourd’hui les scientifiques ont en effet la preuve irréfutable du pouvoir inhibiteur des amines (neuromédiateurs) sur la synthèse d’interféron. « Ces travaux pourraient déboucher sur la « mise au point de neuromédiateurs freinant l’activité des pDC et donc la survenue de maladies auto-immunes et d’infections chroniques ».

*CBMIT du Laboratoire de chimie et biochimie pharmacologiques et toxicologiques (CNRS/Université Paris Descartes), en collaboration avec le laboratoire Toxicologie, pharmacologie et signalisation cellulaire (Inserm/Paris Descartes), le Francis Crick Institute (Royaume-Uni) et l’université d’Ulm (Allemagne)

**Laboratoire de chimie et biochimie pharmacologiques et toxicologiques

  • Source : Centre national de la recherche scientifique (CNRS), le 6 février 2016 et le 8 février 2014

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Dominique Salomon

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