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© Vereshchagin Dmitry/Shutterstock.com
On sait que la chaleur extrême affecte la santé et accroit le risque de mortalité prématurée. Les personnes âgées y sont particulièrement exposées. Mais impacte-t-elle également le vieillissement biologique, l’âge réel de notre organisme ? Lorsque celui-ci est plus élevé que l’âge chronologique, il constitue alors un facteur de risque de survenue de pathologies liées à l’âge et de mortalité.
Selon une étude menée par des chercheurs de l’Université de Californie du Sud (USC), dont les résultats ont été publiés dans la revue Sciences Advances le 26 février, les personnes exposées à davantage de journées de forte chaleur vieillissent plus rapidement que celles qui le sont moins. Concrètement, l’exposition à la chaleur extrême accélérerait le vieillissement biologique.
Les scientifiques se sont penchés sur l’âge biologique de 3 600 participants, résidant sur l’ensemble du territoire des Etats-Unis. Durant 6 ans, des échantillons de sang ont été prélevés afin de détecter les changements épigénétiques, les modifications chimiques qui régulent l’expression des gènes sans changement sur l’ADN. Des changements qui, rappelons-le, sont réversibles car ils sont sous l’influence de l’environnement. Pour y parvenir, les chercheurs ont eu recours à des horloges épigénétiques, des tests biochimiques qui permettent de définir l’âge biologique d’un individu.
Ces données ont ensuite été comparées à l’indice de chaleur de leur lieu de résidence des participants et au nombre de jours de chaleur rapportés par le National weather service, service national de météorologie, entre 2010 et 2016. Les jours de chaleur comprenaient les trois niveaux de chaleur retenus par l’instance étatsunienne : entre 26 et 32 degrés (prudence), de 32 à 39 degrés (prudence extrême), au-delà de 39 degrés (danger).
« Les participants vivant dans des zones où les jours de chaleur, définis comme des niveaux de prudence extrême ou supérieurs se produisent la moitié de l’année, comme à Phoenix, en Arizona, ont connu jusqu’à 14 mois de vieillissement biologique supplémentaire par rapport à ceux vivant dans des zones avec moins de 10 jours de chaleur par an, a déclaré Eunyoug Choi, co-autrice de l’étude, dans un communiqué de l’USC. (…) Le simple fait de vivre dans une zone avec plus de jours de chaleur vous fait vieillir plus vite biologiquement. » Et cette corrélation persistait malgré la prise en compte de facteurs tels que l’activité physique, la consommation d’alcool, le tabagisme, le niveau de revenu…
Les horloges utilisées ont pu comparer les changements épigénétiques après une exposition à de courtes périodes de fortes chaleurs (7 jours) et des périodes plus longues (de 30 à 60 jours). Selon les résultats, ces changements, et le vieillissement biologique qui les accompagne, se déclenchent rapidement et pourraient même s’accumuler avec le temps.
L’humidité, également prise en compte dans l’indice de chaleur, joue aussi un rôle. « Il s’agit vraiment de la combinaison de la chaleur et de l’humidité, en particulier pour les personnes âgées, car elles ne transpirent pas de la même manière. Car nous perdons dans ces conditions notre capacité à bénéficier de l’effet de refroidissement de la peau qui provient de l’évaporation de la sueur, a commenté Jennifer Ailshire, gérontologue et principale autrice de l’étude. Si vous êtes dans un endroit très humide, vous n’obtenez pas autant de cet effet de refroidissement. Vous devez examiner la température et l’humidité de votre région pour vraiment comprendre quel pourrait être votre risque ».
Pour la scientifique, alors que le réchauffement climatique est en marche, de même que le vieillissement de la population, il est important de mettre en place des stratégies pour éviter l’exposition aux fortes chaleurs. Et de citer des aménagements urbains simples à mettre en place : trottoirs et arrêts de bus ombragés, création d’espaces verts, plantation d’arbres…
Source : University of south California, Science Advances
Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet