Zika, dengue : comment ils attirent les moustiques par l’odeur
26 juillet 2022
Certains virus auraient la capacité de changer l’odeur de notre peau, attirant les moustiques qui pourraient continuer de véhiculer les maladies. Explications.
Vous êtes plutôt du genre à attirer les moustiques ? Plusieurs facteurs peuvent favoriser les piqûres de moustiques. Une équipe de chercheurs chinois vient d’identifier l’action de deux virus sur le microbiome cutané des personnes infectées. Il semblerait que la dengue et le zika parviennent à modifier l’odeur corporelle, attirant ainsi davantage les moustiques. Ce qui permettrait ainsi aux maladies de continuer à se propager.
Transmission facilitée
La dengue et le zika sont toutes deux des maladies transmises par les piqûres de moustiques. Voici comment : une personne ou un animal infecté se fait piquer par un moustique, qui devient alors porteur du virus. Ce même moustique pique ensuite une autre personne ou un animal, le contaminant à son tour. Et ainsi de suite. Mais pour que cette chaîne ne s’interrompe pas, il faut qu’il y ait toujours des moustiques (c’est le cas dans les pays tropicaux) et qu’il y ait toujours des porteurs infectés.
Des chercheurs chinois ont constaté que deux virus mettaient en œuvre une stratégie complémentaire afin de s’assurer que les moustiques continuent de les transmettre. Cette stratégie consiste à modifier l’odeur corporelle des personnes infectées, afin que leur peau soit encore plus attractive pour les moustiques.
Une molécule favorisée
Pour parvenir à ce constat, les scientifiques ont comparé l’attirance des moustiques envers des souris infectées et des rongeurs non infectées. Les souris porteuses se faisaient effectivement davantage piquer. Les chercheurs ont ensuite analysé les molécules odorantes de la peau de ces rongeurs et ont constaté qu’une de ces molécules, l’acétophénone, plaisait particulièrement aux insectes. L’analyse de la peau de patients infectés par la dengue a confirmé la présence de cette molécule en quantités importantes.
Comment l’expliquer ? Chez une personne non contaminée, la peau produit un peptide antimicrobien qui limite la production d’acétophénone. Mais en cas d’infection par ces virus, la peau ne produit plus assez de ce peptide. Résultat, « les virus peuvent manipuler le microbiome cutané de l’hôte afin d’attirer les moustiques et de permettre la propagation plus rapide de la maladie », concluent les auteurs.
Une piste préventive
Selon les chercheurs, l’isotrétinoïne pourrait augmenter la production de ce peptide cutané, empêchant la stratégie virale de fonctionner. Reste à valider ce traitement s’avère efficace chez l’humain en conditions réelles. A suivre.
*UConn Health, Tsinghua University à Pékin, the Institute of Infectious Diseases à Shenzhen, the Ruili Hospital of Chinese Medicine and Dai Medicine, the Yunnan Tropical and Subtropical Animal Virus Disease Laboratory, et the Chinese Center for Disease Control and Prevention