Chine : « l’enjeu, c’est de contenir le virus»

21 janvier 2020

Les jours se suivent et se ressemblent, avec des nouvelles peu rassurantes de l’autre bout du monde. Le 2019-nCoV, ce mystérieux virus qui sévit en Chine depuis décembre, a fait une 6e victime à Wuhan, foyer de l’épidémie. Au total, 291 cas sont confirmés, et plusieurs cas suspects ont été signalés à l’étranger. Faut-il pour autant céder à la panique ? Le point avec l’infectiologue Yazdan Yazdanpanah. 

Le virus 2019-nCoV continue sa progression en dehors des frontières chinoises. Un cas a été confirmé à Taiwan, deux sont encore incertains, en Australie et aux Philippines. Les personnes concernées revenaient toutes de Wuhan, le foyer de l’épidémie, où un 6e décès a également été annoncé ce matin. Face à cette situation, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé la tenue d’une réunion demain mercredi 22 janvier à Genève, « pour déterminer si l’épidémie constitue une urgence internationale de santé publique ». Et décider des mesures spécifiques à mettre en place, le cas échéant.

Car la perspective du Nouvel an chinois en fin de semaine, et ses vastes déplacements de population, fait craindre une propagation encore plus rapide du virus. D’autant que l’on sait désormais avec certitude qu’il peut se transmettre de personne à personne. Pas vraiment une surprise pour le Pr Yazdan Yazdanpanah, chef du service maladies infectieuses de l’hôpital Bichat et directeur de l’Institut d’infectiologie de l’Inserm : « on savait que c’était probable, vu le nombre de cas. Ce que l’on sait officiellement aussi, c’est que des personnels soignants ont été contaminés. Une quinzaine. »

Ni traitement, ni vaccin

Sans attendre la réunion de l’OMS, certains pays ont déjà pris des mesures de précaution, notamment dans les aéroports. Après la Thaïlande et plusieurs villes américaines hier, le Canada a également renforcé la vigilance dans ses aéroports en connexion avec la Chine. Il faut dire que le pays garde un très mauvais souvenir du SRAS, le coronavirus lui aussi né en Chine qui avait contaminé environ 8 000 personnes et fait près de 800 morts à travers le monde, entre 2002 et 2003. Avec 147 cas dont 23 mortels, le Canada avait été le pays non asiatique le plus touché par le virus.

Mais pour le Pr Yazdan Yazdanpanah, la comparaison avec le SRAS doit s’arrêter là : « Il faut être prudent, vigilant, attentif et prêt. Depuis le SRAS, on a un meilleur système de surveillance, davantage internationalisé, on a mis des choses en place pour détecter et isoler rapidement les personnes contaminées. Il y a des avancées qui nous permettent de mieux nous défendre. L’enjeu, c’est d’essayer de détecter, isoler et contenir le virus. Comme on n’a ni traitement ni vaccin, c’est la seule arme dont on dispose. » 

Ainsi, en France, « si une personne revient de Wuhan avec des signes respiratoires*, elle ne doit pas aller chez son médecin, mais contacter directement le 15. » Côté aéroports, aucune mesure spécifique n’a pour le moment été prise, mais la consigne est la même. La ministre de la Santé Agnès Buzyn a précisé ce matin sur l’antenne d’Europe 1 que « les voyageurs qui reviennent de Chine reçoivent une information sur la conduite à tenir en cas de température.» A ce stade, aucun vol en provenance de la Chine n’a été annulé.

*Toux, essoufflement, crachats

  • Source : interview du Pr Yazdan Yazdanpanah, chef du service maladies infectieuses de l’hôpital Bichat et directeur de l’institut d’infectiologie de l’Inserm, le 21 janvier 2020

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Vincent Roche

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