Chirurgie bariatrique : quel parcours avant l’opération ?

16 octobre 2015

Avec un IMC supérieur à 40, les 550 000 Français atteints d’obésité morbide peuvent bénéficier de la chirurgie bariatrique. Lorsqu’ils présentent au moins deux complications liées à leur surpoids, les patients obèses ayant un IMC inférieur à 40 sont également éligibles à cette intervention. Cette technique chirurgicale consiste à diminuer le volume gastrique pour favoriser la satiété précoce. Et donc réduire les apports alimentaires. Objectifs, enclencher une perte de poids durable et limiter le risque de complications liées à l’obésité. Mais quelles sont les étapes avant d’entrer au bloc ?

Pour bénéficier de  la chirurgie bariatrique, les patients obèses suivent un check-up physique et psychologique. Première porte à franchir, celle du nutritionniste « qui va revenir sur l’histoire du patient », détaille Corinne Chicheportiche Ayache, médecin nutritionniste à Paris. « On va comprendre d’où vient la prise de poids. Il s’agit d’éliminer une pathologie endocrinienne, l’impact de certains médicaments ». Avant de recommander la chirurgie bariatrique, on vérifie aussi que le patient ne souffre ni de carences, ni de trouble du comportement alimentaire (TCA), « faute de quoi l’intervention n’aurait aucun effet pour maintenir la perte pondérale ».

Vient ensuite le passage obligé chez le cardiologue pour éliminer certaines contre-indications cardiovasculaires comme l’insuffisance cardiaque. Le pneumologue, lui, s’assure du bon fonctionnement de l’appareil respiratoire, le gastro-entérologue vérifie l’absence de troubles du système digestif (gastrite ou œsophagite notamment). Enfin, un psychologue ou un psychiatre évalue la stabilité du patient.

Répondre à l’anxiété. « Les patients obèses arrivant en consultation sont en situation d’échec face à leur obésité. La souffrance autour du poids et de l’image corporelle est forte, les questions sur l’intervention sont nombreuses », précise Corinne Chicheportiche Ayache. Raison pour laquelle ces consultations préopératoires durent longtemps, en moyenne 45 minutes. Le choix de la chirurgie bariatrique n’est pas une décision de dernière minute, elle doit mâturer. « Ces longues minutes sont donc précieuses pour préciser les mécanismes de la perte de poids, les consignes nutritionnelles à mettre en place après l’opération ».

Améliorer l’espérance de vie. « Ce bilan complet est nécessaire car les patients arrivent dans un état de santé fragile ». Les forts excès pondéraux favorisent en effet le développement de pathologies chroniques. Au total, 7 patients sur 10 souffrent du syndrome d’apnée du sommeil. Le risque de développer une arthrose est multiplié par 5, une hypertension artérielle par 4 et un diabète par 8. Chaque année dans le monde, 900 000 nouveaux cas de cancers liés à l’obésité sont déclarés. En dégradant les parois du foie par l’amas de tissus graisseux, l’obésité favorise aussi la stéatose hépatique. Autre prédisposition, les sujets obèses sont 2 fois plus exposés à la dépression par rapport à la population générale. Leur espérance de vie est réduite de 7 ans en moyenne chez les femmes, et de 6 ans pour les hommes.

A elle seule, la chirurgie bariatrique réduit de 92% la survenue du diabète, de 56% les complications cardio-vasculaires et de 95% le Syndrome d’Apnée du Sommeil (SAS). Cette technique diminue d’ailleurs le risque de mortalité de 40%, sept ans après l’intervention.

  • Source : Reportage Clinique Geoffroy Saint-Hilaire, Paris 5e, le 26 juin 2015.

  • Ecrit par : Laura Bourgault : Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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