Chlordécone : et maintenant la prématurité
15 janvier 2014
Interdit en 1993 dans les Antilles, le chlordécone contamine toujours les populations ! Depuis 2012, nous savions que l’exposition à ce pesticide longtemps utilisé pour lutter contre le charançon du bananier, avait un impact délétère sur le développement cognitif des nourrissons. Aujourd’hui, une équipe de l’INSERM nous apprend qu’il serait aussi à l’origine d’une augmentation du risque de prématurité.
Ce constat ressort de l’étude TIMOUN (enfant en créole). Cette grande cohorte mère-enfant a été constituée pour évaluer l’impact sanitaire des expositions au chlordécone sur le déroulement de la grossesse et le développement pré et post-natal. Plus de 1 000 femmes ont été incluses au cours de leur troisième trimestre de grossesse entre 2005 et 2007.
Ce travail est dirigé par Sylvaine Cordier (INSERM 1085 à Rennes) et Luc Multigner (CHU Pointe à Pitre). Ils ont mesuré l’exposition au chlordécone par un dosage dans le sang maternel, effectué lors de l’accouchement.
Résultat, elle « a été retrouvée associée de manière significative à une durée raccourcie de grossesse ainsi qu’à un risque augmenté de prématurité, quel que soit le mode d’entrée au travail d’accouchement, spontané ou induit », expliquent les chercheurs. Les « propriétés hormonales, oestrogéniques et progestagéniques » du chlordécone seraient en cause.
Des circuits d’approvisionnement à risque
Ce pesticide au caractère persistant, a largement contribué à polluer les sols et donc à contaminer les populations. La source principale d’exposition au chlordécone est d’ailleurs la consommation d’aliments contaminés. En 2007, l’Agence française de Sécurité des Aliments (AFSSA) rappelait que 4 types de denrées pouvaient être contaminés à un niveau susceptible de représenter un risque aigu pour la population antillaise : le chou caraïbe (malanga), le dachine (madère), la patate douce, les poissons et les crustacés d’eau douce.
Les chercheurs de l’INSERM ajoutent que « les sources d’approvisionnement, de production, de distribution et de vente hors circuits réglementés et jardins familiaux sur sols pollués conditionnent de nos jours l’intensité de l’exposition ». Ils incitent à la mise en place de moyens d’informations destinés aux femmes enceintes portant à la fois sur les types d’aliments et les circuits d’approvisionnement à risque.
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Source : INSERM, 15 janvier 2013 - American Journal of Epidemiology, 8 janvier 2014
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Ecrit par : David Picot – Edité par Emmanuel Ducreuzet