Comment le Covid long perturbe le cycle menstruel

18 septembre 2025

Une équipe franco-britannique a découvert comment le Covid long influence le cycle menstruel, provoquant notamment les règles abondantes. Et le cycle aurait lui aussi un impact sur la fluctuation des symptômes de la maladie, dont la fatigue, le brouillard cérébral et les douleurs musculaires.

Le Covid long, ou affection post-Covid-19, se caractérise, selon l’Organisation mondiale de la Santé, par une série de symptômes qui apparaissent généralement dans les trois mois suivant l’infection. Il dure au moins deux mois et entraîne des symptômes variés comme la fatigue, les douleurs musculaires, une dyspnée, des céphalées, des problèmes de concentration…

Alors que le Covid long touche  entre 3 et 7 % de la population mondiale, avec une prévalence deux fois plus élevée chez les femmes que chez les hommes, différentes études ont montré que la maladie pouvait provoquer des troubles du cycle menstruel, même si le lien entre ces troubles et le Covid-19 était jusqu’ici mal établi.

Des règles abondantes et des symptômes exacerbés

Afin de comprendre les mécanismes en jeu, une équipe de chercheurs franco-britanniques s’est emparée du sujet. Les résultats ont été publiés mardi 16 septembre dans la revue Nature Communications. Ils ont épluché les données d’une enquête britannique en ligne menée auprès de milliers de femmes, entre mars et mai 2021. Plus de 1 000 d’entre elles étaient atteintes d’un Covid long, 1 700 étaient guéries d’une infection aiguë et 9 000 n’avaient jamais été infectées.

Les premières ont signalé des règles plus abondantes et plus longues. Elles présentaient aussi des saignements plus fréquents entre les règles. Tandis que les femmes guéries après un Covid de durée standard ont déclaré beaucoup moins de perturbations menstruelles. En outre, les symptômes quotidiens du Covid long ont été étudiés durant 3 mois chez 54 femmes : ceux-ci s’intensifiaient en phase prémenstruelle, mais aussi pendant et juste après les règles, notamment la fatigue, les maux de tête, le brouillard cérébral, les difficultés respiratoires et les douleurs musculaires.

Un androgène au cœur du mécanisme

Les niveaux d’hormones et d’inflammation ont également été mesurés chez certaines des participantes, atteintes ou non d’un Covid long, à partir d’échantillons de sang et de tissus de la muqueuse utérine. Résultats ? Les femmes atteintes de Covid long présentaient des niveaux élevés de 5α-dihydrotestostérone, un androgène naturel mais présent à des taux bien plus faibles en temps normal. « Les androgènes favorisent la création, la migration et la survie des cellules stromales – un type de cellules tissulaires – au sein de la muqueuse utérine, qui sont éliminées pendant les règles. Selon les experts, une augmentation de ces hormones pourrait expliquer des saignements menstruels plus abondants chez les femmes atteintes de Covid long », explique dans un communiqué, l’université d’Edimbourg (Ecosse) qui a participé à l’étude avec l’université d’Oxford (Angleterre) et l’université de Montpellier (Hérault).

Les taux de progestérone et d’œstradiol étaient eux identiques chez les femmes atteintes et non atteintes de Covid long ce qui suggère que le Covid long n’affecte pas significativement le fonctionnement ovarien.

Vers des traitements adaptés aux femmes ?

Autre information : les niveaux d’inflammations observés dans le sang étaient plus élevés quand les femmes souffraient d’un Covid long. « Cela pourrait également contribuer à des saignements problématiques et influencer la gravité des symptômes pendant les règles, suggèrent les scientifiques », analyse l’université d’Edimbourg.

Les règles abondantes entraînent une carence en fer, déjà elle-même responsable de fatigue, essoufflement, maux de tête, vertiges… En plus donc des symptômes déjà présents du Covid long. Pour les auteurs de l’étude, il est nécessaire d’identifier rapidement les troubles menstruels et de proposer un traitement aux femmes concernées.

« Il est important de prendre en compte la relation potentiellement bidirectionnelle entre la maladie et les menstruations, où les symptômes varient au cours du cycle menstruel et où la maladie influence les paramètres du cycle. Nous démontrons ici que cela pourrait être le cas pour la Covid longue, où elle est associée à des saignements utérins anormaux et où les symptômes se manifestent à l’approche des règles », souligne Alexandra Alvergne, chercheuse au CNRS.

Pour le Dr. Jackie Maybin, de l’université d’Edimbourg, « cette étude constitue la première étape vers des traitements spécifiques des troubles menstruels chez les femmes atteintes de Covid longue et pourrait également conduire à de nouveaux traitements pour les symptômes de la Covid longue, adaptés aux femmes ».

  • Source : CNRS, université d'Edimbourg

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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