Comment parler de ses amours à mon ado ?
05 juin 2014
Les ados amoureux ont besoin d’informations et… d’intimité. @Phovoir
Ses yeux brillent quand elle part rejoindre son petit copain ? Vous savez qu’il sort avec quelqu’un mais il ne vous dit jamais rien ? Le moment est venu de parler de ses premiers émois. Avec toute la délicatesse et la pudeur qui s’imposent, comme le rappelle la psychanalyste Geneviève Abrial.
« Il faut avant tout décomplexer les parents : être mal à l’aise à l’idée de parler de sa vie amoureuse avec son enfant, il n’y a rien de plus normal », rappelle la spécialiste. Car une fois passée la puberté, les flirts finissent tôt ou tard par rimer avec découverte de la sexualité. Et forcément, ça éveille des inquiétudes, pour sa santé (Et s’il attrapait une IST ? Et si elle tombait enceinte ?), mais aussi pour son cœur. C’est connu, les premiers vrais amours, quand ils se terminent, font souffrir. Sans oublier qu’il n’est jamais facile pour un parent de voir son fils ou sa fille basculer définitivement dans le monde des adultes.
Malgré tout, il vous faut aborder le sujet. « L’adolescent a besoin de savoir que ses parents sont là pour répondre à d’éventuelles questions, rassurer les craintes », explique Geneviève Abrial. « Le dialogue doit être ouvert et sans tabou, mais en restant dans le domaine des généralités. La discrétion et la pudeur s’imposent : ne posez pas de questions trop directes, ne faites pas de confidences sur votre propre sexualité. »
C’est trop difficile pour vous ? Ne vous forcez pas, dites-lui simplement « j’ai un peu de mal à parler premières fois avec toi mais c’est important que tu puisses trouver des réponses à tes questions ». Et donnez-lui accès aux bons supports d’information : sites officiels, dépliants, livres… Rappelez-lui aussi qu’il peut en parler s’il en a envie avec un adulte référent : votre médecin de famille s’il est à l’aise avec lui, un jeune oncle ou une jeune tante avec qui il s’entend bien…
Mais surtout, ne rendez pas le sujet trop anxiogène. Ne parlez pas seulement des risques liés aux grossesses indésirées ou aux IST. Evitez les réflexions désabusées sur les relations amoureuses qui risquent de le décourager. Laissez-lui sa fraîcheur et peut-être ses illusions. Il fera des erreurs, il connaîtra des chagrins d’amour. Mais ces expériences malheureuses contribueront elles aussi à son épanouissement. Rappelez-vous, quand il était petit, vous l’avez laissé se lancer et faire ses premiers pas malgré votre crainte de le voir tomber.
-
Source : Interview le 4 juin 2014 de Geneviève Abrial, psychanalyste, auteure de « Nos ados et nous » dans la collection Psychoguides PUF.
-
Ecrit par : Aurélia Dubuc – Edité par : Vincent Roche