Consentement sexuel dans le couple : une notion parfois malmenée
03 juin 2021
Oui c’est oui, non c’est non. En théorie, être en couple rime avec la pleine liberté de penser et d’agir. Malheureusement, les cas d’emprise psychologique ou physique restent encore une réalité. Faisons donc le point sur la notion de consentement sexuel.
Accepter ou refuser un acte amoureux, de la simple caresse au léger baiser en passant par l’étreinte et la pénétration, voilà ce que recouvre la notion de respect du consentement sexuel dans le couple. Ainsi, chaque approche vers l’autre sous-entend son approbation claire et nette pour aller plus loin, pour prolonger le moment d’intimité en étant certain(e) de la réciprocité du désir.
Un refus peut survenir et doit être accepté au-delà du sentiment amoureux. A ce sujet, le Collectif féministe contre le viol et la Fondation des femmes rappellent « que la liberté sexuelle implique la liberté d’avoir des relations sexuelles entre adultes consentants… ainsi que celle de ne pas en avoir ».
« Pas besoin de violence »
Parfois, des situations de souffrance psychologique et physique soulèvent de graves amalgames. Un exemple ? « Il ou elle ne s’est pas opposé(e), c’est que quelque part, il ou elle avait envie. » Sauf que ne pas oser dire non, ce n’est pas dire oui. Dans son ouvrage « Troubles dans le consentement », Alexia Boucherie sonde en profondeur les enjeux soulevés par cette notion. La loi l’associe à « l’absence de violence, menace, contrainte, surprise », rappelle-t-elle. Mais « il n’y a pas besoin de violence explicite pour qu’une relation sexuelle soit perçue comme un viol, ou que la question du consentement soit trouble ». Se pose aussi la question de l’expression du refus. Au-delà du langage, le corps peut aussi parler. Un repli sur soi, une tentative de rejet la plus timide soit-elle, signent par exemple l’absence de consentement.
Des comportements ancrés dans les mœurs ?
Aujourd’hui encore, la notion de consentement est fragilisée par les stigmates du devoir conjugal. Cette obligation à l’intimité sexuelle, abolie le 5 septembre 1990 par la Chambre criminelle de la Cour de Cassation, imprègne encore nos sociétés occidentales.
Aucune obligation d’entretenir des rapports sexuels n’est faite dans l’article 215 du Code civil, qui prévoit « la communauté de vie », et non le retour implicite du devoir conjugal. Mais dans de nombreux cas, le refus de rapports sexuels dans le couple est présenté comme faute en cas de divorce. Heureusement ces accusations aboutissent rarement : dans 14 cas sur 86 dossiers, révélait Julie Mattiusi, maître de conférences en droit privé à l’université de Haute-Alsace, dans son étude « Le Devoir conjugal : de l’obligation de consentir ».
Pour aller plus loin : le livre « Non, c’est non », Irène Zeilinger, Edition La Découverte, 245 pages, mars 2008, 16,90 euros
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Source : « La liberté sexuelle à l’épreuve du devoir conjugal », Dossier familial, consulté le 1er juin 2021 « Envers et revers du consentement. La sexualité, la famille et le corps, entre consentement, contraintes et autonomie », Manon Garcia, Julie Mazaleigue, Alicia-Dorothy Mornington, Edition Mare & Martin, 12 août 2021, 27 euros
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Ecrit par : Laura Bourgault – Édité par : Emmanuel Ducreuzet