Contre la diphtérie, l’Europe n’a pas de traitement
17 juin 2015
Un des premiers flacons de sérum antidiphtérique produit par le Laboratory of Hygiene (ancêtre du NIH) en 1895. ©The National Institutes of Health
Le cas du petit garçon espagnol hospitalisé dans un état grave pour diphtérie a fait l’effet d’une piqûre de rappel. Si le risque d’épidémie n’est pas d’actualité, aucun pays européen ne possède de stock du traitement nécessaire pour les cas exceptionnels comme celui-ci. Le Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies (ECDC) tire la sonnette d’alarme.
L’introduction de la vaccination de masse contre la diphtérie sur le continent après la Seconde Guerre mondiale a fait chuter l’incidence de cette maladie infectieuse. Par conséquent, la plupart des pays de l’Union européenne ne produisent plus de sérum antidiphtérique depuis longtemps. Or malgré une bonne couverture vaccinale, des cas d’infection surviennent régulièrement.
Résultat, « le risque de ne pas administrer le sérum aux malades dans les temps est important », souligne l’ECDC. Lequel rappelle que « s’il est donné plus de 48 heures après l’apparition des symptômes systémiques, le traitement a un impact limité. » Il sera toutefois toujours proposé, quel que soit le stade de la maladie. Ainsi, l’enfant contaminé en Espagne a-t-il dû attendre une livraison en urgence de Russie pour être traité.
Nécessaire inventaire
« Il est important de faire un inventaire récent des stocks et des productions de sérum antidiphtérique dans le monde », estime l’ECDC. En Europe, « de nombreux pays, même s’ils ont présenté des cas importés au cours des 5 dernières années, n’ont pas de stock ou un stock périmé ». C’est apparemment le cas de la France et de la Suède, d’après les informations de nos confrères du quotidien espagnol El Pais. Certains pays comptaient par ailleurs sur la production de la Croatie, interrompue depuis peu.
Pour le moment, d’après les informations de l’ECDC, « quatre producteurs ont été identifiés, en Russie, au Japon, en Indonésie et en Inde ». Les autorités sanitaires des Etats européens devraient « se pencher sur une procédure pour tester l’efficacité et la qualité de ces traitements pour une future importation », souligne le Centre européen. Enfin, le manque de stock de sérum antidiphtérique met l’accent sur l’importance d’une très bonne couverture vaccinale.