Contre le cancer, le renfort des bactéries intestinales

28 novembre 2013

Des scientifiques français viennent de découvrir que l’efficacité d’une chimiothérapie anticancéreuse serait accentuée en présence de certaines bactéries intestinales : les Gram+. Ces dernières stimulent en effet les défenses immunitaires de l’organisme.

Le microbiote intestinal est composé de 100 000 milliards de bactéries. Il constitue un véritable organe car les espèces bactériennes qui le composent exercent des fonctions cruciales pour notre santé. Comme l’élimination des substances étrangères à l’organisme ou le maintien à distance de pathogènes contaminants. Elles assurent aussi la dégradation des aliments ingérés.

Dans le domaine du cancer, l’équipe française dirigée par le Pr Laurence Zitvogel, directrice de l’Unité INSERM 1015 à  Gustave Roussy (Villejuif), en collaboration étroite avec l’Institut Pasteur et l’INRA a fait une découverte étonnante. Les scientifiques ont en effet apporté la preuve que la flore intestinale stimule les réponses immunitaires d’un individu pour combattre un cancer lors d’une chimiothérapie.

Une nouvelle arme contre le cancer ?

Pour ce faire, ils ont travaillé à partir d’une molécule anticancéreuse très utilisée : la cyclophosphamide. Un traitement connu pour provoquer des effets secondaires et perturber l’équilibre du microbiote intestinal. A son contact, les bactéries Gram+ vont ainsi passer la barrière intestinale et se retrouver dans la circulation sanguine ainsi que dans les ganglions lymphatiques. Cette réaction en chaîne à l’origine des effets secondaires va en réalité déclencher une réponse immunitaire de l’organisme. Laquelle va aider l’organisme à combattre la tumeur cancéreuse.

Pour vérifier cette observation, les chercheurs ont supprimé toutes les bactéries Gram+ du microbiote intestinal de souris souffrant d’un cancer et traitées par la cyclophosphamide. La chimiothérapie s’est avérée bien moins efficace. « Maintenant que ces bactéries ‘bénéfiques’ potentialisant la réponse immunitaire anti-tumorale ont été identifiées, on devrait réussir rapidement à en fournir plus à l’organisme. Notamment via des pro ou prébiotiques et/ou une alimentation spécifique », conclut Laurence Zitvogel.

 Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : David Picot

  • Source : Science, 22 novembre 2013

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