Contre Omicron, les vaccins moins efficaces ?

17 décembre 2021

Devant la progression rapide du variant Omicron, l’inquiétude est réelle. Les vaccins continuent-ils de protéger contre cette nouvelle « version » du SARS-CoV-2 ? Les premiers résultats des travaux menés sur les sérums sanguins de personnes vaccinées ne sont pas rassurants. Néanmoins la 3e dose reste indispensable. Voici pourquoi.

La campagne de vaccination se poursuit en pleine 5e vague. Mais les vaccins actuels restent-ils efficaces contre le nouveau variant Omicron qui ne cesse de se répandre ? Une question fondamentale en raison du nombre important de mutations sur la protéine Spike. Plusieurs travaux débutés il y a une quinzaine de jours sur les sérums sanguins de personnes vaccinées fournissent déjà de premiers éléments de réponse.

Une étude autrichienne révèle ainsi qu’une vaccination avec une dose d’AstraZeneca puis de Moderna, tout comme deux doses de Pfizer/BioNtech, permet de produire des anticorps bloquant Omicron dans la moitié des cas seulement. Avec une vaccination à deux doses de Moderna ou deux doses d’AstraZeneca, presque aucun anticorps bloquant Omicron n’est produit…

Par ailleurs, avoir été précédemment infecté par d’autres variants ne semble pas procurer une bonne protection contre Omicron. « Le seul cas apportant une neutralisation satisfaisante concerne une infection naturelle suivie d’une dose de vaccin », indique Sandrine Sarrazin, chargée de Recherche Inserm au Centre d’Immunologie de Marseille-Luminy (CIML – Inserm/CNRS/AMU).

Une seule branche de l’immunité

Pour autant ces résultats ne concernent qu’une branche de l’immunité. « Ces travaux permettent uniquement d’évaluer la capacité des anticorps produits après vaccination à reconnaitre le variant et à l’empêcher d’entrer », précise Sandrine Sarrazin. Mais « notre système immunitaire se compose de bien d’autres parties, comme les lymphocytes T ou les Immunoglobuline A (IgA) par exemple. » Ce qui signifie que dans la vraie vie, notre système de défense peut tout à fait avoir des ressources grâce aux vaccins face à Omicron. « D’autant que l’absence de neutralisation par les anticorps ne signifie pas qu’il n’existe pas de protection contre les formes graves notamment », ajoute-t-elle.

A quoi sert la 3e dose ?

Dans ce contexte, est-il utile de se faire injecter une 3e dose ? La réponse prend la forme d’un grand oui. Justement « la 3e dose apporte de nouveau un très bon niveau de neutralisation, équivalent (ou presque) à celui des souches ancestrales avec 2 doses », note Sandrine Sarrazin, à la lecture d’une autre étude, britannique cette fois. Celle-ci montre qu’une dose de booster à ARNm fournit une hausse significative de la protection contre les formes légères de la maladie. « Elle a donc des chances d’offrir aussi une meilleure protection contre les formes graves », estiment les auteurs. « Ce n’est pas le moment de renoncer à la troisième dose », insiste la chercheuse.

Cela dit, même si la 3e dose augmente la capacité de l’organisme à produire des anticorps efficaces contre le virus, il sera « nécessaire de développer rapidement un nouveau vaccin, plus adapté à ce nouveau variant », indiquent les auteurs de l’étude britannique. Moderna et Pfizer-BioNTech y travaillent déjà et ont annoncé un nouveau vaccin pour mars.

  • Source : Medical University of Innsbruck, Autriche - UK Health Security Agency – Interview de Sandrine Sarrazin, chargée de Recherche Inserm au Centre d'Immunologie de Marseille-Luminy (CIML - Inserm/CNRS/AMU)

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

Aller à la barre d’outils