Covid-19 : au travail, la détresse psychologique reste élevée
09 mars 2022
Alors que les mesures liées à la situation sanitaire s’allègent de semaine en semaine, comment vont les salariés sur le plan psychologique ? C’est l’objet du 9e Baromètre OpinionWay pour Empreinte Humaine, cabinet spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux et la qualité de vie au travail. Pas de surprise : les résultats ne sont pas bons.
41% des salariés en situation de détresse psychologique, 34% en burnout dont 13% en burnout sévère. Après deux ans de crise sanitaire et de protocoles lourds et contraignants, les salariés sont usés. Interrogés en ligne entre le 27 janvier et le 11 février (pendant la vague Omicron et avant les annonces présidentielles sur la levée progressive des restrictions, ndlr), les quelques 2 000 salariés interrogés par Opinionway pour le cabinet Empreinte humaine font toujours état d’une santé psychologique majoritairement dégradée.
Ainsi, depuis le 8e Baromètre paru en octobre dernier, le niveau général de détresse psychologique a augmenté de 3 points. Dans la catégorie des moins de 29 ans, il a bondi de 13 points pour atteindre 54% de répondants en situation de détresse psychologique, un état mesuré grâce à un indicateur conçu pour évaluer les premiers signes de dépression et d’anxiété et validé scientifiquement, précise Empreinte humaine. Les femmes ne sont pas épargnées : 47,5% d’entre elles sont dans la même situation (+3,5 points). Au sein des entreprises, les salariés des ressources humaines sont les plus à risque : 64% sont en situation de détresse psychologique.
Celle-ci se manifeste de différentes manières : la moitié des salariés déclare avoir tendance à s’isoler et à se couper du monde, 40% disent perdre souvent patience et être facilement irritables, un tiers est moins réceptif aux idées de ses collègues, et un quart dit être agressif pour tout et pour rien.
Dans les entreprises, des mesures insuffisantes
Le burnout, qui peut être l’une des conséquences d’une détresse psychologique qui s’installe dans le temps, est lui aussi à un niveau toujours très élevé, trois fois plus haut qu’avant la pandémie, indique Empreinte humaine. Il touche désormais 34% des salariés (+ 1 point par rapport à octobre) ; 13% seraient en burnout sévère, soit 2,5 millions de salariés. Dans le détail, 36% des télétravailleurs sont en état de burnout (dont 13% sévère) et 38% des managers (dont 16% sévère). Confrontées à la mise en œuvre des protocoles sanitaires ou à l’éclatement des collectifs de travail, les fonctions RH sont là encore logiquement surexposées, à 63% (dont 34% de burnout sévère).
Comment les personnes interrogées jugent-elles les mesures éventuellement mises en place dans leurs entreprises face à l’ampleur de ce phénomène ? Elles sont largement considérées comme insuffisantes : seulement un quart des salariés estime que leur direction a mis en œuvre des actions concrètes pour améliorer leur santé psychologique.
Parmi les actions qu’ils plébiscitent pour améliorer la qualité de vie au travail, ces salariés placent l’équilibre des vies professionnelles et personnelles en tête, suivi de l’augmentation des salaires et des primes, des bonnes relations avec les collègues et d’une meilleure reconnaissance de leur travail (autre que salariale). Les programmes nutrition, les massages et autres séances de relaxation ou de yoga proposés par certaines directions sont quant à eux jugés inadaptés à leurs besoins.