Covid-19, bronchiolite, grippe : les eaux usées pour surveiller les virus

06 octobre 2023

Le virus respiratoire syncytial, responsable de la bronchiolite, et le virus de la grippe seront désormais suivis, comme le Covid-19, via la surveillance des eaux usées.

Le dispositif avait fait ses preuves au plus fort de la crise sanitaire. La surveillance des eaux usées intègre cette saison 2023-2024 les outils de suivis traditionnels des infections respiratoires aigües (IRA), à savoir le Covid-19, la grippe et le virus respiratoire syncytial (VRS), responsable de la bronchiolite. « L’hiver 2022-2023 a été marqué par la circulation de plusieurs virus respiratoires (Covid-19, bronchiolite à VRS et grippe). Cette triple épidémie qui a succédé à 2 années de pandémie a lourdement pesé sur le système de soins. Dans ce contexte, il est essentiel de surveiller avec vigilance la prochaine saison hivernale », note Santé publique France dans un communiqué du 5 octobre.

Les données de surveillance seront issues du dispositif Sum’Eau (surveillance microbiologique dans les eaux usées). Concrètement comment ça marche ? Des échantillons seront prélevés chaque semaine dans douze stations d’épuration, réparties dans chacune des régions de France métropolitaine, à l’exception de la Corse. Ces stations, localisées à Dijon, Grenoble, Lille, Marseille, Nancy, Nantes, Orléans, Paris, Pau, Rennes, Rouen, Toulouse ont été choisies sur des critères de population et de représentativité territoriale. Le réseau devrait s’élargir rapidement à d’autres stations de traitement des eaux usées.

Les prélèvements seront ensuite envoyés au laboratoire national de référence, le Laboratoire d’hydrologie de Nancy (LHN) de l’ANSES. Objectif ? Détecter et quantifier la circulation des virus. « Cette surveillance permet de détecter la présence ou l’absence du virus du Covid-19 dans un territoire donné et d’en mesurer les tendances en s’affranchissant des pratiques de dépistage », précise Santé publique France. Le virus est en effet excrété dans les selles de la plupart des personnes atteintes, symptomatiques ou non.

Un panel d’outils de surveillance

Les données, ainsi que celles des outils de surveillance traditionnelle, seront disponibles chaque semaine dans un bulletin épidémiologique de l’agence sanitaire et à partir du 11 octobre sur le site data.gouv.fr. Pour rappel, Sum’Eau vient compléter un arsenal de suivi des IRA déjà éprouvé. Celui-ci s’appuie, en ville, sur le réseau Sentinelles pour les médecins généralistes et les associations SOS Médecins et, aux urgences sur le réseau Oscour. Ces outils sont complétés « par le suivi des cas graves de grippe, Covid-19 et VRS admis en services de réanimation adultes et pédiatriques et celui des épisodes de cas groupés d’IRA dans les établissements médicaux sociaux (EMS) ».

A cela s’ajoutera également la remontée des tests PCR pour le Covid-19, qui devrait être élargi aux autres IRA. « La complémentarité de ces systèmes de surveillance nous permettra de suivre la dynamique épidémique et d’apprécier son évolution de manière globale et par pathologie », souligne la Dr. Caroline Semaille, Directrice générale de Santé publique France.

A noter : durant la crise du Covid-19, la surveillance des eaux étaient assurée par les pionniers du réseau Obépine, dans près de 200 sites en métropole et en Outre-Mer. 40 % de la population française était alors couverte. Vincent Maréchal, professeur de virologie à la Sorbonne et l’un des principaux artisans d’Obépine confiait récemment à Destination Santé que la surveillance des eaux usées pouvait permettre de suivre de nombreuses maladies respiratoires, mais aussi des virus émergents comme la dengue ou même des virus à l’origine de MST comme les papillomavirus.

  • Source : Santé publique France, 5 octobre 2023

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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