Covid-19 : les anticorps des femmes plus résistants ?
19 avril 2021
L’immunité liée à la contraction de la Covid-19 pose encore beaucoup de questions. Combien de temps les anticorps survivent-ils ? Sommes-nous tous égaux sur ce sujet ? A priori non : les anticorps des femmes seraient en effet plus pérennes que ceux des hommes.
La réponse immunitaire contre le SARS-CoV-2 se déclare dans les 2 à 3 semaines suivant l’infection avant de diminuer. Pour en savoir plus sur les particularités de l’immunité, des chercheurs Inserm de Strasbourg ont étudié les dossiers médicaux de 308 patients atteints de forme légère de Covid-19.
« Nous avons constaté que les anticorps anti-S étaient les plus persistants, avec 98 % des participants qui avaient un taux détectable dans les 3 à 6 mois après l’infection », décrit le Pr Samira Fafi-Kremer, principale auteure de l’étude*. « Nous avons aussi observé que ce taux diminue progressivement avec le temps, mais avec une ampleur très différente d’un individu à l’autre. »
Une réaction moindre mais plus stable chez les femmes
Quelles différences précises sont survenues entre les sexes ? « Immédiatement après l’infection, le taux d’anticorps anti-Covid-19 est en moyenne inférieur chez les femmes », continue la Pr Fafi-Kremer. « Mais avec le temps, il suit un déclin qui est généralement moins prononcé chez elles que chez les hommes, quel que soit leur âge ou leur poids. »
Les chercheurs ont ensuite formé deux groupes : le premier dans lequel l’immunité était la plus longue, le second dans lequel cette période de protection était raccourcie. « Il apparaît que le premier est plutôt constitué de femmes, alors que le second est majoritairement masculin. »
Ces résultats confirment ce que l’on savait déjà sur l’immunité féminine. « On sait par exemple que les femmes ont d’une façon générale une réponse humorale et cellulaire plus robuste que les hommes, que ce soit face à d’autres maladies infectieuses ou en réponse à une vaccination », décrit la Pr Fafi-Kremer. « Le versant délétère de cette plus large réactivité est que les femmes sont plus souvent sujettes aux maladies auto-immunes. »
Comment expliquer cette différence homme/femme ? Comme souvent dans les gènes et les hormones ! « Une grande partie des gènes de l’immunité se situe sur le chromosome sexuel X, présent en deux exemplaires chez les femmes, contre un seul chez les hommes. »
Ces données devront être réétudiées sur le long terme. Aujourd’hui cette distinction hommes-femmes sur la question de l’immunité pourrait orienter les stratégies vaccinales. « Les disparités liées au sexe ne manquent pas d’intérêt car elles pourraient suggérer une réponse vaccinale différente chez les hommes et les femmes et, pourquoi pas, des schémas de vaccination adaptés au sexe », confirme la Pr Fafi-Kremer.
*en partenariat avec l’équipe d’Olivier Schwartz de l’institut Pasteur