Covid-19 : les effets psychologiques du confinement
17 mars 2020
Après la Chine, l'Italie ou l'Espagne, la France est à son tour entrée dans une période de confinement, pour une durée d'au moins 15 jours. Mais rester enfermé chez soi et limiter au maximum les contacts avec les autres n'est pas sans effet sur le moral.
Chez les personnes âgées, qu’il faut protéger au maximum du SARS-CoV-2 en évitant de leur rendre visite, l’isolement n’est pas sans conséquences. On sait par exemple qu’il peut mener à la dépression. D’autant que plusieurs études ont montré que le fait de rester socialement actif après 60 ans serait protecteur contre le risque de démence. Dans la population générale, un Français sur dix serait concerné par la grande solitude.
A l’heure où le nombre de contacts hors du foyer ne doit pas dépasser 5 personnes par jour, comment aborder cette période de confinement obligatoire, qui implique restriction maximale des déplacements et des relations sociales ? Quelles sont les conséquences sur le moral du confinement imposé ? La revue The Lancet apporte un début de réponse, grâce aux chercheurs du Department of Psychological Medicine du King’s College de Londres.
Stress, confusion et colère
Les auteurs de l’étude ont compilé une vingtaine de travaux réalisés a posteriori, avec des personnes ayant vécu des périodes de quarantaine : 388 soignants de Taiwan placés pendant 9 jours en quarantaine après avoir été exposés au SRAS en 2002-2003 ; 903 résidents d’un quartier de Hong Kong, foyer de contamination du SRAS, confinés chez eux pendant des jours ; 1 161 Sierra-Léonais isolés dans leur village exposé au virus Ebola en 2018…
La conclusion des chercheurs n’incite pas à l’optimisme : ils relèvent que « la plupart des études examinées ont signalé des effets psychologiques négatifs », notamment des symptômes de stress post-traumatique, de la confusion et de la colère. Selon certaines études, ces effets résonneraient sur le long terme. Pour autant, « cela ne signifie pas que la quarantaine ne doit pas être utilisée. Les effets psychologiques du non-recours à la quarantaine, qui permettrait à la maladie de se propager, pourraient être pires. »
La transparence pour limiter l’impact
Comment les autorités peuvent-elles agir pour limiter l’impact psychologique de cet isolement forcé ? En jouant la transparence, selon les auteurs de l’étude : « priver les gens de leur liberté pour le bien public (…) doit faire l’objet de précautions », préviennent-ils.
Concrètement, cela passe par « dire aux gens ce qui se passe et pourquoi, expliquer combien de temps cela va durer, leur fournir des activités à faire pendant la quarantaine, s’assurer que les fournitures de base (nourriture, eau, dispositifs médicaux) sont disponibles ». Enfin, « les appels à l’altruisme en rappelant au public les avantages de la quarantaine pour la société en général peuvent être favorables ».
A savoir : Depuis ce mardi midi, les déplacements en France sont strictement encadrés. Ils doivent désormais être justifiés par une attestation.