Covid-19 : les violences intrafamiliales toujours en progression
21 janvier 2021
Les violences intrafamiliales, parmi lesquelles les violences conjugales, ne reculent pas. Et la crise sanitaire continue de peser dans ces situations dramatiques, près d’un an après le début de la pandémie de Covid-19.
Dès le début du mois d’avril 2020, l’ONU lançait une alerte sur l’augmentation d’incidence des violences faites aux femmes dans le monde. En France, comme dans de nombreux autres pays, cette inquiétude s’est rapidement matérialisée.
Après une baisse illusoire des signalements durant les 2 premières semaines du premier confinement, liée à l’impossibilité de se déplacer et à la peur de se rendre dans les hôpitaux à cause du virus, « une hausse nette (du nombre d’interventions policières et des signalements ndlr) pour des différents familiaux a été observée à partir du 30 mars », note le réseau CHU. Et le constat est sévère : les violences faites aux femmes ont progressé de 30% pendant ce premier confinement.
Qu’en est-il du second confinement annoncé le 28 octobre ? « L’activité de consultation de victimologie a de nouveau diminué, mais elle n’a pas chuté de façon aussi massive qu’au début du premier confinement », observe le réseau CHU. Toutefois, l’inquiétude perdure car l’activité des unités médico-judiciaires (UMJ) a connu une augmentation globale pour les violences familiales pendant ce nouveau confinement. Et si « les sévices constatés n’étaient pas plus graves qu’en période normale », il se peut que « les victimes (aient renoncé) aux soins par peur de se déplacer, ce qui a eu un impact sur leur santé et a réduit la possibilité de faire constater les violences, physiques ou psychologiques, en vue de suites judiciaires », note encore le réseau CHU.
Les outils de lutte en péril ?
En cette période de confinement ou de couvre-feu, l’Académie nationale de médecine recommande notamment de « renforcer les dispositifs de signalement d’urgence mis en place dans les pharmacies et les centres commerciaux ». Et aussi de « favoriser au mieux l’implication des intervenants du milieu associatif en augmentant les moyens humains mis à leur disposition ».
Or pour les associations justement, une décision gouvernementale inquiète. La ligne d’écoute pour les femmes victimes de violences au 3919 devrait être mise en concurrence par la création d’un marché public pour désigner la structure qui continuera à assurer ce service. L’opérateur actuel, la Fédération nationale Solidarité femmes (FNSF), a dénoncé une approche « quantitative » et « mercantile » de ce dispositif essentiel dans la lutte contre ces violences.
Créé en 1992 par la FNSF, le 3919 est anonyme et gratuit du lundi au dimanche : de 9h00 à 22h00 du lundi au vendredi et de 9h00 à 18h00 samedi, dimanche et jours fériés.
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Source : Réseau CHU, 13 janvier 2021 – ONU – Solidarité Femmes – Ouest-France, 15 janvier 2021
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet