Covid-19 : pourquoi n’y a-t-il pas de trêve estivale ?

11 août 2021

L’été ne devrait-il pas être une saison de répit face à la Covid-19 ? En général, les épidémies virales, telles que celles de la grippe, ne surviennent pas durant la période estivale. Alors pourquoi les mois de juillet et août 2021 n’offrent-ils pas d'accalmie face à la pandémie ? Le Pr Vincent Maréchal, virologue au Centre de Recherche Saint Antoine (Inserm/Sorbonne université), propose des pistes de compréhension.

La Covid-19 pourrait en théorie évoluer, comme d’autres virus à transmission respiratoire, vers un mode saisonnier dans les pays tempérés. Ainsi, l’été constitue-t-il généralement une période de calme sur ce front. Pas de grippe ni de rhumes entre juin et septembre. Le SARS-CoV-2 fait exception à cette règle. Pourtant, « les études en laboratoire ont montré que ce virus n’aime pas les fortes températures ni l’humidité et que son infectiosité diminue quand il est exposé aux UV », rappelle le Pr Vincent Maréchal. Des travaux qui analysent les niveaux de transmission en fonction des conditions climatiques confirmeraient que, « la circulation virale est la plus forte lorsque le virus se trouve dans un environnement situé entre 0°C et 17°C. » La météo maussade de cet été permet-elle pour autant à elle-seule d’expliquer le maintien d’une circulation importante du virus ?

Des paramètres divers

En réalité « de nombreux autres paramètres entrent en jeu », souligne le Pr Maréchal. Parmi eux, on peut citer « la variation de sensibilité des muqueuses aux infections durant les périodes froides et sèches, la pollution qui peut aggraver l’évolution clinique, le comportement des individus, la contagiosité des variants et l’immunité des populations… » Il est donc « difficile d’associer la dynamique de l’épidémie à la météo », estime-t-il.

Certes l’été est globalement morose mais « le virus circulait déjà l’été dernier », rappelle-t-il. Et ce alors que la météo avait été bien plus chaude et ensoleillée. Cette année « la présence du variant Delta qui dispose d’un niveau de contagiosité bien supérieur aux formes historiques » joue également un rôle dans le maintien de la pandémie. Ce variant est 40 à 60 % plus contagieux que le variant britannique, lui-même bien plus contagieux que la forme historique.

Par ailleurs même si la météo n’est pas toujours au beau fixe, le comportement des personnes change durant cette période de congés. Réunions familiales, retrouvailles entre amis, sorties favorisent la transmission, quel que soit le temps. Et les gestes barrière tombent à présent bien plus souvent, même entre personnes non vaccinées. Avec en plus, un flux touristique important qui contribue à faire circuler le virus entre les territoires.

Vaccination et mesures barrière

Reste la question de l’impact de la vaccination. En date du 8 août, plus de 37 millions de personnes ont été immunisées avec un schéma complet dans le pays. Or celles-ci peuvent aussi être infectées et transmettre le virus, même si l’on estime que le risque de transmission est bien moindre que pour celles qui ne le sont pas. Il est donc important de rester prudent et de maintenir les gestes barrière en toutes circonstances.

Un avis partagé par l’OMM qui estime qu’« il convient de ne pas se fonder sur les conditions météorologiques et climatiques, notamment le début de l’augmentation des températures dans l’hémisphère Nord au printemps, pour assouplir les mesures visant à freiner la propagation du virus ». Ainsi, selon cette analyse*, « ce sont les mesures prises par les pouvoirs publics (comme le port obligatoire du masque et les restrictions de déplacement) plutôt que les facteurs météorologiques qui auraient régulé la dynamique de la transmission de la Covid-19 en 2020 et début 2021 ».

A noter : pour rappel, la protection optimale des vaccins n’est atteinte que 4 à 5 semaines après la seconde dose.

*Analyse de l’influence des facteurs météorologiques et de qualité de l’air sur la Covid-19

  • Source : interview du Pr Vincent Maréchal, virologue au Centre de Recherche Saint Antoine (Inserm/Sorbonne université), 10 août 2021 – Organisation météorologique mondiale

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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