Les vaccins contre la Covid-19 : comment ça marche ?

11 juin 2021

A peine quelques mois après le début de la pandémie mondiale de Covid-19, plusieurs vaccins efficaces et validés scientifiquement étaient développés. Alors qu’un essai de l’Inserm vient d’être lancé pour déterminer si les vaccins Pfizer-BioNtech et Moderna sont interchangeables, revenons sur le fonctionnement de ces nouvelles technologies de l’immunisation.

Un essai clinique Inserm et AP-HP lancé le 28 mai a pour objectif de « comparer l’efficacité immunologique du schéma vaccinal standard avec deux doses du même vaccin à ARNm à un schéma combinant deux vaccins ARNm différents », selon un communiqué de l’AP-HP et de l’Inserm publié mercredi 2 juin. En clair, peut-on se faire vacciner avec Pfizer-BioNtech pour la première dose, puis avec Moderna pour la seconde, ou inversement ?

En attendant la réponse, revenons sur le mode d’action de chacun des vaccins contre la Covid-19 actuellement utilisés en France. Contrairement aux vaccins traditionnels pour lesquels on injecte des virus morts (ou inactivés?), atténués ou coupés en morceaux, tous les vaccins contre la Covid-19 utilisent un morceau de génome du virus (ADN ou ARN). Mais il en existe deux catégories :

– Les vaccins AstraZeneca et Janssen contiennent tous deux un virus vivant. Mais il ne s’agit pas du SARS-CoV-2. « L’astuce consiste à utiliser un adénovirus, c’est-à-dire un autre virus qui est lui, sans danger », explique Sandrine Sarrazin, chercheuse au centre d’immunologie Inserm de Marseille. « On lui enlève la totalité de son ADN et on le remplace par un petit bout d’ADN du SARS-CoV-2, uniquement la portion qui va permettre la fabrication de la protéine spike ». Cette protéine est la clé qui permet au virus de pénétrer dans nos cellules. Et c’est aussi la cible que doit apprendre à combattre notre système immunitaire. Dans ce vaccin, « l’adénovirus sert de véhicule pour transporter le petit bout d’ADN jusque dans notre organisme ».

– Dans le cas des vaccins à ARNm (messager), comme ceux de Pfizer-BioNtech et Moderna, le même principe est appliqué. La différence ? « Le véhicule n’est pas un autre virus mais une bulle lipidique (une gouttelette de gras) et à la place d’un morceau d’ADN, c’est une molécule d’ARN qui est injectée », explique-t-elle. Voilà pourquoi, en principe, ils devraient être interchangeables. Ce que l’essai Inserm doit vérifier.

Rapidité de fabrication

Dans les deux groupes de vaccins, l’idée reste la même : « faire entrer dans nos cellules le petit morceau du code génétique du virus qui permet la fabrication de la protéine spike, autrement appelée protéine de spicule », précise Sandrine Sarrazin. Ainsi nos propres cellules peuvent fabriquer cette protéine grâce au plan de fabrication que nous lui injectons via le vaccin. C’est donc comme si nous « transférions dans notre propre organisme, le travail que l’on fait habituellement en usine pour les vaccins traditionnels ».

C’est ce qui explique notamment la rapidité de développement de ces nouveaux vaccins. Car pour les vaccins traditionnels, « il faut cultiver le virus ou faire fabriquer la protéine dont on a besoin par une cellule d’insecte dans un incubateur », explique-t-elle. Il faut donc plus de temps. Sans compter qu’il faut aussi purifier ces protéines avant de les injecter au patient.

Autre avantage : « en cas d’apparition de variant, les laboratoires sont en capacité de faire évoluer le vaccin en fonction des mutations retrouvées dans le code génétique du virus ainsi modifié », explique Sandrine Sarrazin. « BioNtech et Moderna ont déjà annoncé qu’en 6 semaines ils seront capables de modifier l’ARN qui est dans le vaccin pour l’adapter à n’importe quel variant. C’est du jamais vu ! », conclut la chercheuse.

  • Source : Inserm - interview de Sandrine Sarrazin, chercheuse au centre d’immunologie Inserm de Marseille, 3 juin 2021

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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