Crèmes solaires : des promesses non tenues ?
04 juillet 2024
A l’université de Nantes, deux chercheuses passent chaque année au crible différentes références de crèmes solaires. Laurence Coiffard et Céline Couteau, toutes deux docteures en pharmacie, alertent sur des crèmes protectrices indice 50 et 50+ qui ne tiennent pas leurs promesses.
Avant de préparer ses valises, on choisit une crème solaire efficace pour se protéger du soleil. Une bonne crème solaire doit offrir une protection contre les ultraviolets de type B, les UVB, responsables des coups de soleil, et ceux de type A, les UVA, responsables du vieillissement cutané. Ces deux types de rayons peuvent être responsables des cancers de la peau, carcinomes et mélanomes, surtout en cas d’exposition non protégée dans l’enfance.
Comment bien choisir sa crème solaire ? Pour les peaux claires, très claires, ou sensibles, un SPF 50 ou 50+ est conseillé par les dermatologues. Pour rappel, aucune crème n’offre un écran total face aux rayons du soleil et ce terme ne doit plus être utilisé par les industriels depuis 2007.
Des tests in-vivo qui surestiment l’indice SPF ?
Laurence Coiffard et Céline Couteau, toutes deux docteures en pharmacie à l’université de Nantes (Loire-Atlantique), ont publié sur leur site « Regard sur les cosmétiques » courant juin les résultats des tests menés pour 26 références affichant des valeurs de SPF 50 ou 50 +. « Nous les testons in vitro via une méthode qui a fait l’objet d’une publication scientifique dans la revue International journal of pharmaceutics. Nous utilisons des plaques en plastique qui simulent la surface cutanée où on applique le produit que l’on teste. On y envoie ensuite du rayonnement UV et on mesure comment le produit appliqué bloque le rayonnement », explique Laurence Coiffard.
Pourquoi ont-elles remis en cause les tests in vivo réalisés par l’industrie cosmétique ? « Ils sont nettement moins fiables et surestiment systématiquement les indices car des substances à activité anti-inflammatoires sont présentes », pointe la chercheuse. La présence de ces produits à propriété anti-inflammatoire diminue les réactions cutanées liées à l’exposition au soleil, et, donc augmente le SPF in vivo, mais ne protège pas davantage la peau de la survenue de cancer, selon la chercheuse.
Résultat ? Sur les 26 références testées, « les écarts observés entre les mesures effectuées in vitro par nos soins et les valeurs affichées sur les emballages varient de 6 unités dans le meilleur des cas à 38 unités dans le pire des cas ». Et ce même pour des crèmes solaires qui s’adressent tout particulièrement aux enfants.
Eviter les filtres minéraux…
Difficiles pour le consommateur de faire le bon choix dans ces conditions. « Pour cet été, on placera sur notre podium des meilleurs produits, le trio gagnant suivant : A-Derma, Bariésun et Bioderma, des formules efficaces et sans alcool ! », indiquent les deux expertes sur leur site Internet.
Laurence Coiffard recommande en outre d’éviter les crèmes solaires avec filtres minéraux (oxyde de zinc, oxyde de titane), dont aucune ne parvient à atteindre un SPF 50. « Les écarts observés entre nos mesures et les valeurs affichées varient de 22 unités dans le meilleur des cas à 40 unités dans le pire des cas », écrivent les chercheuses. Ce que confirmait récemment l’UFC-Que Choisir dans ses essais comparatifs des crèmes 50 et 50+. « On sait qu’il est techniquement compliqué d’atteindre un SFP 50+ avec ces barrières physiques », écrivait l’Union des consommateurs concernant les solaires minérales.
… et les produits contenants de l’alcool
Laurence Coiffard conseille également de choisir une crème sans alcool. « Le problème de l’alcool, parmi d’autres, c’est qu’il favorise la pénétration des filtres à travers la peau. Ce qui explique qu’actuellement on retrouve des filtres dans le sang, l’urine, le lait maternel, le liquide séminale… L’alcool fait partie de ces ingrédients qui favorisent ce passage », précise la spécialiste.
Au-delà de ces tests décevants, Laurence Coiffard estime que les contrôles sont insuffisants et alerte sur « un scandale sanitaire qui ne fait que s’amplifier et que nous dénonçons depuis des années ». Chaque année en France, entre 141 200 et 243 500 cancers de la peau sont diagnostiqués en France, dont 85 % sont liés à une exposition excessive aux rayonnements UV.
A noter : du côté d’UFC-Que Choisir qui teste les produits selon la méthode hybride, qui combine des essais in vivo et in vitro, c’est la solaire protectrice 50 de la marque Respire qui protège le plus efficacement.
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Source : Regard sur les cosmétiques, interview de Laurence Coiffard, UFC-Que Choisir
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet