Crise d’asthme à l’effort, il n’y a pas que les asthmatiques !

14 mai 2025

On connaît bien la crise d'asthme à l'effort chez les personnes asthmatiques, en particulier les enfants. Ce que l'on sait moins, c'est qu’elle peut survenir au décours d'une activité physique même chez les individus qui ne souffrent pas de cette maladie respiratoire.

La crise d’asthme liée à l’effort est bien connue chez les enfants asthmatiques. Cette contraction des bronches induite par l’exercice est un rétrécissement transitoire des voies respiratoires inférieures (on parle d’« obstruction réversible »), généralement observé après l’effort. « Bien que la bronchoconstriction liée à l’exercice soit moins sévère que les formes graves d’asthme, elle est souvent ignorée ou insuffisamment traitée, pointait le Dr Bertrand Delaisi (Institut de l’Enfant, Boulogne) lors du dernier Congrès francophone d’allergologie (avril 2025). Or cette méconnaissance peut entraîner une limitation injustifiée de l’activité physique chez les enfants, entraver leur performances et dégrader leur qualité de vie ».

Les enfants asthmatiques, mais aussi les autres !

– Chez les enfants asthmatiques, l’exercice est un déclencheur classique des symptômes respiratoires, chez 50 à 90 % d’entre eux. C’est souvent le signe d’un asthme insuffisamment contrôlé. Rappelons qu’il n’y a aucune contre-indication sportive en cas d’asthme bien contrôlé.

– Chez les enfants non asthmatiques, environ 10 % peuvent également présenter des symptômes de bronchoconstriction après l’effort. Le Dr Delaisi tente une explication : « chez ces enfants, en l’absence d’asthme chronique, la réaction bronchique à l’effort suggère une hyperréactivité latente, possiblement liée à des facteurs environnementaux comme la pollution ou le climat, ou à une prédisposition génétique. »

Ce phénomène est particulièrement important chez les athlètes de haut niveau, allant jusqu’à 50 % des sportifs dans certaines disciplines comme la natation ou le ski de fond.

La bronchoconstriction après l’effort, une histoire de chaleur et d’humidité

Les mécanismes physiopathologiques de la bronchoconstriction après l’effort sont surtout liés à la perte d’humidité et de chaleur dans les voies respiratoires supérieures pendant l’activité physique. Lorsque l’air inspiré, en particulier dans un environnement froid et sec, n’est pas suffisamment réchauffé ni humidifié, les muqueuses des voies respiratoires inférieures s’assèchent, ce qui déclenche une inflammation locale. Cette inflammation entraîne la libération de médiateurs comme l’histamine et les leucotriènes, responsables de la contraction des muscles lisses des bronches.

Les médicaments, essentiels dans la bronchoconstriction post-effort

– Les bronchodilatateurs (bêta-2 agonistes) à courte durée d’action, administrés 5 à 20 minutes avant l’exercice, relâchent les muscles lisses des bronches. L’air passe mieux, le rétrécissement des voies respiratoires pendant l’effort est limité. Ils évitent ou atténuent les symptômes chez environ 80 % des enfants concernés. Toutefois, leur utilisation doit être limitée aux situations spécifiques d’effort physique pour éviter l’accoutumance et la perte progressive d’efficacité.

– Les corticostéroïdes inhalés (en traitement de fond) réduisent l’inflammation chronique des voies respiratoires. Résultat : un meilleur contrôle global de l’asthme et moins d’épisodes déclenchés par l’exercice. Ils limitent la réduction de la chute du volume expiratoire maximal par seconde (VEMS) lors de l’effort d’environ 11 %.

– Les anti-leucotriènes agissent sur les substances responsables de l’inflammation bronchique. Pris régulièrement ou avant une activité physique, ils réduisent les symptômes liés à l’effort et limitent aussi la chute du VEMS.

Il ne faut pas négliger pour autant les approches non médicamenteuses. Les recommandations internationales du GINA 2024 insistent sur un échauffement progressif, de type intermittent, à haute intensité pendant 10 à 15 minutes. Cela déclenche une période réfractaire, pendant laquelle les bronches réagissent moins aux stimuli. D’où un VEMS qui est moins impacté au cours de l’effort.

De plus, l’utilisation de dispositifs comme des masques, permettant de réchauffer et d’humidifier l’air inspiré peut également protéger les bronches, lors d’activités en extérieur par temps froid.

Pour en savoir plus : Adolescents, attention à la crise d’asthme aiguë

  • Source : Communication CFA 2025 – 20e Congrès francophone d’allergologie/intervention de B. Delaisi (avril 2025, Paris) ; The 2024 update of the Global Strategy for Asthma Management and Prevention / ; Gregory Pariente Foundation

  • Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet

Destination Santé
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