











Certaines cellules immunitaires, stimulées par la grossesse, seraient capables de protéger le fœtus des attaques du cytomégalovirus (CMV). C’est ce qu’a observé une équipe du CNRS et de l’INSERM de l’Université de Toulouse Paul Sabatier. Ces Natural Killer déciduales d’origine maternelle (dNK), migrant dans l’endomètre en début de grossesse, réagissent en cas d’agression virale contre le fœtus.
Au cours de la grossesse, des modifications majeures se produisent au niveau de l’utérus. Suite à l’implantation de l’œuf fécondé, l’endomètre est notamment massivement infiltré par une population de cellules dNK. Leur principal objectif est d’aider l’embryon à s’implanter dans le tissu maternel. Elles n’ont donc pas ici, a priori, de « fonction tueuse », comme l’explique Nabila Jabrane-Ferrat, principal auteur de l’étude. « Ces cellules contribuent dans ce cas aux échanges entre la mère et le fœtus. En fournissant un microenvironnement enrichi, les dNK sont des acteurs clés de la grossesse. »
Mais comme ces cellules sont par ailleurs connues pour leur fonction de défense immunitaire, les auteurs se sont penchés sur leur action en cas d’infection de la femme enceinte par le cytomégalovirus. Pour ce faire, ils ont analysé des tissus provenant d’interruptions de grossesse dues à ce virus. « Des changements phénotypiques et fonctionnels des cellules dNK maternelles » ont été notés. En outre, « elles sont capables de migrer sur le site même de l’infection dans le placenta. » Ainsi, les auteurs ont conclu que « les dNK deviennent cytotoxiques afin de tuer les cellules infectées et contrôler l’infection. »
Objectif : un traitement contre l’infection à CMV
Toutefois, malgré l’action naturelle de ces dNK « tueuses », l’infection congénitale par le CMV touche tout de même 0,2% à 0,5% des nouveau-nés en France. Il provoque dans certains cas de graves séquelles, voire la mort du fœtus. L’infection est également associée à un défaut de développement du placenta et du remodelage des artères utérines, détectable à l’échographie.
Les résultats de l’étude ouvrent de nouvelles voies pour l’élaboration de traitements. « La prochaine étape sera de trouver comment déclencher de façon massive l’action cytotoxique de ces cellules face au virus », concluent les auteurs.
La contamination par le CMV se fait par contact étroit avec des malades ou des porteurs sains. Les femmes enceintes doivent donc respecter les règles d’hygiène classiques pour éviter l’infection durant leur grossesse, le risque de contamination fœtale étant d’environ 30% à 50%.
Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet
Source : CNRS, Université Paul Sabatier de Toulouse, INSERM, 5 avril 2013
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