Avant d’appareiller, passez par la case médecin
17 juillet 2014
Le capitaine du navire est responsable de la pharmacie de bord pour tout l’équipage. ©Phovoir
Blessure, brûlure ou encore infarctus. En mer, tout peut arriver. Afin de bien préparer votre voyage, une consultation maritime, la première du genre, mise en place au CHU Sainte Marguerite de Marseille, est à la disposition de tous les marins. Les médecins vous y aideront aussi à faire le point sur votre état de santé avant d’appareiller.
Ouverte depuis le mois de juin 2014, la consultation maritime Pythéas, du nom d’un explorateur grec originaire de l’antique Massalia, est destinée à tous les marins. Professionnels ou amateurs, partant pour une sortie de quelques jours ou un tour du monde à la voile. En solitaire ou en équipage, à l’occasion d’une course ou en croisière. Cette consultation dédiée vise à préparer tous les marins du point de vue de leur santé, à leur projet maritime.
Une heure de consultation
« Tout d’abord, nous faisons connaissance avec le marin », explique le Dr Vincent Lafay, responsable de la consultation Pythéas. « Nous l’interrogeons sur ses antécédents personnels et familiaux, et bien sûr, sur son projet », poursuit-il. Puis « nous effectuons un check-up assez complet, avec notamment, un dépistage visuel. Un marin qui ne distingue pas un drapeau rouge d’un vert… ça peut poser problème. » Sont également réalisés d’autres examens comme un dépistage d’un trouble respiratoire, un électrocardiogramme, etc… Par conséquent, la consultation dure environ une heure.
« Ces examens ont pour but de réduire au maximum les risques de se retrouver dans une situation d’extrême urgence en mer. Et a fortiori en haute mer », souligne Vincent Lafay. Ainsi, « un marin de 45 ans, gros fumeur et ayant des antécédents familiaux d’infarctus ne doit pas partir sans avoir consulté un cardiologue. » Pour une femme, vérifier qu’elle n’est pas enceinte au moment du départ écartera le risque de faire une grossesse extra-utérine. « Une GEU ou un infarctus en pleine mer sont des véritables scénarii catastrophes », insiste-t-il.
Pharmacie de bord et conseils en bobologie
L’intérêt de cette consultation réside également dans les conseils prodigués aux marins. « Nous tentons de casser quelques idées reçues », indique le Dr Lafay. Ainsi, « une plaie ne doit pas être exposée au soleil ni trempée dans l’eau de mer. Dans les deux cas, la plaie se creuse. » Autre recommandation, « ne jamais marcher pieds nus à bord, au risque de se blesser ».
Si tous ces conseils ont pour but d’éviter les blessures et les problèmes graves de santé, aucun marin ne peut se passer d’une bonne pharmacie de bord. Il s’agit d’une trousse contenant tout le matériel et les médicaments nécessaires pendant le voyage. « Son contenu dépend du projet du marin », précise Vincent Lafay, qui rappelle toutefois qu’il existe une pharmacie obligatoire. « Mais elle ne peut suffire car elle est vraiment trop incomplète. » La consultation permet là encore de personnaliser la pharmacie en fonction de l’objectif du marin.
« Grossièrement, il existe trois grands types de pharmacies de bord. La pharmacie côtière, celle du large et la pharmacie hauturière, destinée à ceux qui vont en haute mer », indique le Dr Lafay. Elles contiennent plus ou moins les mêmes matériels et médicaments. « Ce sont les quantités qui varient. » C’est ainsi que toute bonne pharmacie de bord doit contenir les éléments suivants :
- Un stylo injecteur d’adrénaline, en cas d’allergie grave ;
- Des antibiotiques ;
- Un antiseptique et des pansements de toutes tailles ;
- Un baume pour soigner les brûlures, « les accidents les plus fréquents en mer » ;
- Du matériel de contention adapté à tous les membres ;
- Des médicaments contre le mal de mer ;
- Du matériel de suture, type colle thermique ou des agrafes.
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Source : interview du Dr Vincent Lafay du Pôle Réanimation Urgences SAMU Hyperbarie, CHU Ste Marguerite, Marseille, responsable de la consultation maritime Pythéas, juillet 2014
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet