Des mouches pour percer les mystères du sommeil
09 décembre 2020
Pour tenter de comprendre les mécanismes neuronaux du sommeil en général et de l'endormissement en particulier, une équipe américaine a soumis des mouches à des mouvements de bercement. Elles ont dormi comme des bébés.
Vous ne le saviez peut-être pas – et nous non plus, mais le sommeil des mouches drosophiles (les mouches à fruit), ressemble à celui des humains. Ou plus exactement : chez ces mouches, on observe une alternance de phases actives et de périodes de repos. Lorsqu’elles sont privées de ces temps morts, elles sont moins réactives et ont besoin de récupérer. Comme nous, les humains.
Il n’est donc pas surprenant qu’une équipe américaine, dirigée par Kyunghee Koh, professeure associée de neurosciences à l’université Thomas Jefferson, ait utilisé cette espèce pour tenter de comprendre les « mécanismes d’induction du sommeil par stimulation mécanique ». Autrement dit : pourquoi les bébés ont-il tant besoin d’être bercés pour s’endormir ? Quels sont les mécanismes neuronaux qui sous-tendent ce phénomène ?
Habituation
Les chercheurs ont donc exposé des mouches drosophiles à des vibrations, proches de celles provoquées lors du bercement. Ils les ont également éclairées sporadiquement pendant l’expérience. Résultat : les insectes dormaient plus longtemps pendant les vibrations et réagissaient moins aux impulsions lumineuses. Les mouches étaient également plus éveillées après un sommeil induit par des vibrations, comme si elles avaient accumulé un « crédit de sommeil ».
Autre point intéressant pour les chercheurs : le niveau de vigilance des mouches, peu habituées à ce type de traitement. Au début de l’expérience, lorsque les vibrations commençaient, elles semblaient être plus actives, avant de finalement s’endormir. Avec la répétition de l’expérience, la vigilance du début s’est peu à peu réduite. « Les mouches apprennent avec le temps que les vibrations ne sont pas menaçantes, ce qui diminue leur réaction à la stimulation qui les rendrait autrement alertes », explique le Dr Kho. Cette forme d’apprentissage, qui se caractérise par la disparition progressive de réaction à un stimulus répété régulièrement et sans changement, c’est l’ « habituation ».
Stimulation sensorielle
Ces observations sont-elles applicables à l’homme, qu’il soit petit ou grand ? Il est trop tôt pour le dire. Selon le Dr Koh, « des recherches plus approfondies pourraient nous aider à développer et à optimiser la stimulation sensorielle comme aide au sommeil chez l’homme ». Elles permettraient notamment de mesurer le réel intérêt et l’innocuité des bruits blancs ou roses, par exemple. D’autres travaux ont en tout cas établi un lien entre bercement et qualité du sommeil et de la mémoire.
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Source : Cell Reports, Université de Genève, Monash University, le 3 décembre 2020
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet