Des vitamines pour ralentir la progression du VIH ?
27 novembre 2013
© Phovoir
Une supplémentation en vitamines associée au sélénium permettrait aux patients atteints par le VIH/SIDA et non encore traités de ralentir la progression de la maladie. C’est ce qui ressort d’une étude américaine publiée dans la revue JAMA. Si la découverte peut sembler d’importance, le Pr Jean-Michel Molina, chef de service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Saint Louis à Paris, appelle à la prudence.
On le sait, une bonne alimentation permet de renforcer le système immunitaire. Les scientifiques de l’Université Internationale de Floride, à Miami, se sont ainsi intéressés à l’intérêt de compléments vitaminiques sur l’évolution du VIH. Plus particulièrement au cours des premiers stades de la maladie chez des patients naïfs (c’est-à-dire pas encore sous traitement).
Ainsi, sur 878 patients Botswanais, ils ont comparé l’efficacité d’un complément en vitamines (B, C et E) et en sélénium par rapport à un placebo. Résultat, dans le cas de la supplémentation, la numération des Lymphocytes CD4 est restée plus élevée, plus longtemps. En clair le système immunitaire des malades s’est moins rapidement altéré.
Pour Marianna K. Baum, principal auteur de l’étude, « voilà qui peut apparaître comme une intervention efficace chez les adultes infectés par le VIH dès les premiers stades de la maladie, réduisant de manière significative le risque de progression de la maladie. Ces résultats sont généralisables à d’autres pays aux ressources limitées. »
Ne pas se tromper de message
Contacté par l’agence de presse Destination Santé, le Pr Jean-Michel Molina, par ailleurs membre de l’Agence nationale de Recherches sur le Sida et les Hépatites virales (ANRS) salue cette découverte. Il ne peut s’empêcher cependant de manifester son inquiétude. « Il convient de rester prudent » explique-t-il. « Pour résumer, on dit ‘En prenant des vitamines, on évite une dégradation trop rapide du système immunitaire’. Le danger ici serait une mauvaise interprétation du message original et par conséquent la mise en place trop tardive d’une trithérapie. On le sait, les traitements antirétroviraux sont d’autant plus efficaces qu’ils sont mis en place précocement. »
Selon le Pr Molina, « il ne faut pas se tromper d’objectifs. L’important est d’essayer de trouver des moyens efficaces pour permettre aux populations défavorisées d’avoir accès rapidement à la trithérapie, et il ne faudrait pas laisser penser qu’un traitement à base vitamines pourrait remplacer cette trithérapie. »
Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet