Détecter le risque de cancer du sein dans le lait maternel ?
20 avril 2022
Des biomarqueurs spécifiques du cancer du sein ont été identifiés dans le lait maternel. Cette découverte permettrait-elle un jour de prédire le risque tumoral chez une femme après simple analyse de ce lait, ou de sang, liquide également porteur de ce biomarqueur ? Eclairages.
L’allaitement maternel pourrait-il permettre de poser un diagnostic de cancer du sein ? La réponse semble positive. Un simple échantillon de lait maternel suffirait à « détecter la présence de protéines biomarqueurs du cancer et de prédire le risque de cancer en fonction », souligne le Dr Danielle Whitham, principale autrice de l’étude et chercheuse à la Clarkson University de New York.
Un point révélé dans « le cas du carcinome canalaire invasif, l’un des cancers du sein le plus fréquemment diagnostiqué ». Mais les chercheurs confirment d’ores et déjà que cette découverte pourrait « fonctionner dans le repérage d’autres types de cancers du sein ».
Comment les chercheurs ont-ils procédé ? En prélevant des échantillons de lait maternel auprès de 3 femmes atteintes d’un cancer du sein et 3 femmes épargnées par la maladie. En utilisant la technique dite de chromatographie liquide et la spectrométrie de masse, ils ont comparé les niveaux de protéines entre les deux groupes : cancer et absence de cancer. Au total, 23 biomarqueurs associés au développement tumoral ont été identifiés.
Pourquoi le lait maternel ?
Les scientifiques sont partis sur cette piste sachant que le lait maternel constitue une importante source de « protéines, de cellules épithéliales et de cellules immunitaires ». Autant de marqueurs « délivrant d’importantes informations sur les mécanismes à l’œuvre dans l’organisme féminin au niveau de la poitrine ».
A noter que ces biomarqueurs retrouvés dans le lait maternel sont aussi présents dans le sang. Le prélèvement sanguin permettrait donc ce même repérage.
Cette approche pourrait venir compléter le dépistage lié à la mammographie, voire anticiper le recours à ce repérage précoce sachant que les mammographies sont recommandées dans le cadre du dépistage organisé entre 50 et 74 ans, tranche d’âge dans laquelle les femmes sont sur-exposées au risque de tumeur du sein. Ou bien au cas par cas chez les femmes présentant un risque élevé ou très élevé* de développer ce cancer. Ce qui exclut automatiquement les femmes plus jeunes chez qui le risque de tumeur mammaire n’est pourtant pas nul.
« D’autres études menées auprès de plus larges échantillons sont nécessaires pour confirmer l’efficacité de cette technique », affirment les chercheurs. « Si tel est le cas, cette recherche de biomarqueurs dans le lait maternel ou dans le sang pourrait totalement changer la façon dont les femmes sont dépistées », déclare le Dr Whitham. « Ce qui augmenterait l’espérance de vie dans la population féminine. »
*les femmes ayant des antécédents médicaux personnels ou familiaux, ou certaines prédispositions génétiques
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Source : Experimental Biology, le 4 avril 2022
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet