Deuil périnatal : surmonter l’épreuve…

20 décembre 2013

Avec 9,2 enfants « mort-nés » sur 1 000 grossesses, la France enregistre le taux de mortinatalité le plus élevé de l’Union européenne. Comment l’expliquer ? Quelle aide est proposée aux couples – pendant et après l’accouchement – pour traverser l’épreuve du deuil ? Les réponses d’Ingrid Lacaze, psychologue au Réseau Psychiatrie Périnatale, à l’Hôpital Charles Perrens de Bordeaux.

Le décès avant la naissance peut s’expliquer par une malformation congénitale, un retard de croissance du fœtus ou des troubles vasculaires contractés par la mère. Mais dans environ 30% des interruptions médicales de la grossesse (IMG), ou de Mort Fœtale Intra Utérine (MFIU), les médecins restent incapables d’en expliquer la cause. « Cette situation rend difficile l’accompagnement des parents », explique Ingrid Lacaze. « Traumatisés psychologiquement, certains se comportent comme si leur enfant était encore vivant. Et sont parfois amenés à le chercher pendant plusieurs mois. Les avancées scientifiques notamment en matière de PMA confèrent à la médecine une illusion de toute puissance, qui ne permet pas d’envisager une mortalité infantile périnatale ».

Comment atténuer l’état de choc ?

Selon le rapport Euro-Peristat 2013, « un couple sur quatre éprouve des difficultés émotionnelles majeures dans les deux ans qui suivent la perte de l’enfant ». Si le processus de deuil et le temps de la reconstruction dépendent de chacun, les stades caractéristiques du deuil, (le choc, le manque, l’abattement et la projection dans l’avenir), permettent aux soignants d’aider le couple. Dans les semaines suivant le décès, des séances de partage (en couple ou collectives) peuvent être organisées au sein de l’hôpital. « Le suivi comprend en moyenne 12 à 16 consultations d’une heure chacune ». La psychologue tient à revenir sur certaines idées du deuil périnatal :

  • La perte de l’enfant est plus difficile si la grossesse est plus avancée. « Non, à partir du moment où un projet parental est envisagé par le couple, le désir d’enfant est là. Et ce quel que soit le terme de la grossesse » ;
  •  Ne pas voir l’enfant réduit le traumatisme. « Pas davantage. Cela peut paraître difficile mais voir l’enfant est une trace de plus dans le temps partagé avec lui, les preuves de réalité de l’existence du bébé facilite la séparation avec lui, le chemin du deuil. Concrétiser à la fois la grossesse et le décès constitue une étape indispensable pour se projeter dans l’avenir » ;
  • Faire un autre enfant rapidement aide à faire son deuil. « Même si la grossesse se déroule médicalement bien, elle vient réactiver le vécu traumatique. Un délai est d’ailleurs bénéfique pour que le temps du deuil se distingue de celui du projet d’un autre enfant ».

Ecrit par Laura Bourgault : – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

  • Source : Rapport Euro-Peristat, 27 mai 2013 - Article Elisabeth Glatigny Dallay, Le deuil périnatal de « l’enfant né sans vie », Annales Médico-Psychologiques 171 (2013) 182–188 - Interview du Dr Ingrid Lacaze, psychologue au Réseau Psychiatrie Périnatale, à l’Hôpital Charles Perrens de Bordeaux - 4 décembre 2013

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