Diabète de type 1 : un risque cardiovasculaire à part entière
09 avril 2018
Arturs Budkevics/shutterstock.com
Le risque cardiovasculaire lié au diabète de type 2 est bien identifié. Dans le cas du diabète de type 1 en revanche, il reste méconnu. Pourtant, les spécialistes ont confirmé un doublement du risque d’infarctus du myocarde chez ces malades. Si certains facteurs associés sont communs à tous les diabètes, d’autres restent encore à découvrir. Le point avec le Dr Bruno Vergès, diabétologue à Dijon.
« Le risque cardiovasculaire est multiplié par deux chez les diabétiques de type 1 par rapport aux sujets non-diabétiques », confirme le Dr Vergès. Et celui-ci concerne en particulier l’infarctus du myocarde, et dans une moindre mesure l’accident vasculaire cérébral (AVC). Mais à quoi est dû ce sur-risque ?
Des mesures efficaces contre certains facteurs de risque
« D’une part, il y a les facteurs de risque cardiovasculaires habituels, le tabac, l’hypertension artérielle et l’hypercholestérolémie notamment », explique le diabétologue. Il est donc très important de convaincre les patients concernés de ne pas fumer et de faire attention à ces éléments spécifiques.
« Tout ceci ne suffit toutefois pas à expliquer le sur-risque cardiovasculaire observé chez les diabétiques de type 1 », estime Bruno Vergès. « Une hypercholestérolémie chronique qui altère les artères et favorise l’athérosclérose peut aussi participer à ce phénomène. » Dans ce cas encore, des mesures peuvent être prises pour contrer cette détérioration. « Il y a en effet un grand bénéfice à traiter de façon intensive cette hypercholestérolémie chronique puisqu’on observe alors une réduction de plus 50% du risque d’infarctus. »
Des mécanismes encore inconnus
Plusieurs facteurs restent non élucidés. En effet, « même si le diabète d’un malade est bien contrôlé, qu’il n’a aucun des facteurs de risque évoqués précédemment, un sur-risque perdure malgré tout », poursuit le Dr Vergès. « D’autres mécanismes sont sans doute en cause, sans que nous sachions encore les expliquer. »
Certaines hypothèses ont néanmoins été évoquées. « Les hypoglycémies à répétition augmenteraient l’inflammation et l’oxydation des artères », énumère Bruno Vergès. « Tout comme la variabilité glycémique, fréquente chez les diabétiques de type 1, même si la maladie est contrôlée. »
La recherche se poursuit sur ces diverses pistes. « Dans les années à venir, la prise en charge va sans doute évoluer vers des traitements permettant de réduire la variabilité glycémique, comme les nouvelles insulines ultra-rapides et les pompes en boucle fermée », décrit-il. Ces dernières, munies d’un capteur de glucose, adapteront le débit d’insuline de façon automatique.
A noter : La France compte environ 180 000 diabétiques de type 1. Et la prévalence ne cesse d’augmenter. D’autres changements sont observés, notamment en matière d’âge lors du diagnostic. Certains cas surviennent plus tôt dans l’enfance qu’auparavant (avant 6 ans) et d’autres après 30 ans.
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Source : interview du Dr Bruno Vergès, diabétologue à Dijon, 6 avril 2018
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Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet