Divorces gris : comment expliquer la hausse des séparations après 50 ans ?
03 janvier 2024
C’est un fait : « la part des seniors dans le nombre total de divorces a nettement augmenté entre 1996 et 2016 », confirme l’Institut national des études démographiques (INED). Coup de projecteur sur ces divorces gris, qui selon leur définition, concernent les séparations, passé l’âge de 50 ans.
Psychologue en Loire-Atlantique, Valérie P. ne constate pas vraiment d’augmentation du nombre de séparations à la cinquantaine. A ses yeux, « le point de rupture concernerait surtout l’arrivée à la retraite, de l’un des deux membres du couple ou des deux simultanément. Ce peut être un moment propice à la remise en question ».
Elle suppute « un changement culturel, générationnel. C’est comme si les couples s’autorisaient davantage à envisager une rupture à ce moment crucial de la vie, pour quelque raison que ce soit : lorsque l’amour n’est plus là ou en présence d’un ras le bol de l’autre. Ils ne se disent plus : ‘c’est pour la vie, je reste’. Non, ces personnes souhaitent tout simplement profiter des années devant eux. De leur retraite ».
Nid vide, mariage vide
Le phénomène n’est pas nouveau. Sur le plan scientifique, cette tendance à la hausse des divorces gris apparait même très documentée. D’après une vaste étude publiée en 2012 et réalisée auprès d’une cohorte de plus de 3 millions d’Américains, le nombre de ruptures au-delà de 50 ans, a ainsi doublé entre 1990 et 2010. Les auteurs pointaient des « changements culturels dans la signification du mariage et du divorce, qui s’expriment dans toutes les générations, y compris les seniors ». Autrement dit, le regard porté sur l’institution du mariage autrefois associé à l’épanouissement individuel aurait ainsi évolué.
Les auteurs précisaient également que « les mariages pour la vie, étaient de plus en plus difficiles à maintenir à une époque d’individualisme et d’allongement de l’espérance de vie. Les seniors sont désormais plus réticents à rester dans des mariages dits ‘vides’ ». Des mariages vides mais aussi des nids vides, avec le départ des enfants… Dans ces tranches d’âges (50 à 70 ans), « de nombreux couples sont confrontés à des nids vides, à la retraite ou à une santé déclinante, ce qui peut poser des défis considérables en termes d’adaptation conjugale », concluent les auteurs.
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Source : Interview Valérie P., 27 décembre 2023 - Susan L. Brown, I-Fen Lin, The Gray Divorce Revolution: Rising Divorce Among Middle-Aged and Older Adults, 1990–2010, The Journals of Gerontology: Series B, Volume 67, Issue 6, November 2012, Pages 731–741. - INED, site consulté le 27 décembre 2023
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Ecrit par : David Picot - Edité par Emmanuel Ducreuzet