Don d’organes : le prélèvement après arrêt des traitements expérimenté en France

04 décembre 2014

L’Agence de la Biomédecine a officiellement autorisé le Centre Hospitalier Annecy Genevois à réaliser des prélèvements d’organes après une décision d’arrêt ou de limitation des traitements. Une première étape, puisqu’il s’agit d’un site pilote, qui signifie toutefois davantage de greffons pour les malades en attente. Le point sur ce nouveau protocole.

Le nombre de malades en attente de greffe de rein, de poumon ou de pancréas en France s’élevait en 2013 à 18 976. Un chiffre bien supérieur à celui des transplantations effectivement réalisées : 5 123 cette même année. Face à cette situation, qui conditionne la survie et la qualité de vie de plus en plus de patients, le ministère en charge de la Santé a lancé au printemps 2012 un second Plan greffe, pour la période 2012-2016. Objectifs, +5 % de greffes chaque année. C’est dans ce cadre que l’Agence de la Biomédecine a autorisé ce lundi 2 décembre le CHU d’Annecy à prélever des organes après arrêt des traitements. « Sans donner de chiffres, on espère qu’il y aura une augmentation assez substantielle du nombre d’organes prélevés », indique le Dr Karim Laouabdia, directeur de la politique médicale et scientifique de l’Agence de la Biomédecine. A noter que dans les hôpitaux étrangers où il se pratique, ce prélèvement a permis d’augmenter de 10% à 40% le nombre de greffons disponibles.

A ce jour, les prélèvements d’organes dans un but de greffe n’étaient autorisés qu’après une mort dite encéphalique, ou un décès suite à un arrêt cardiaque brutal. Ces derniers, pris en compte pour le don depuis 2005, sont souvent dus à un infarctus. A présent donc, les potentiels donneurs pourront aussi être « des patients en réanimation pour lesquels un arrêt des thérapeutiques a été décidé, du fait de la gravité du pronostic vital et ne réunissant pas les critères de mort encéphalique ».

Limite d’âge : 60 ans

Une fois l’arrêt des traitements décidé, « la détermination du décès repose sur l’observation de l’arrêt circulatoire, pendant une période d’observation de 5 minutes et celle des signes neurologiques de la mort », précise l’Agence de la Biomédecine. A la différence des morts encéphaliques ou par arrêt cardiaque brutal, le délai entre l’arrêt des soins et la déclaration du décès peut être assez long. « C’est pourquoi des machines à perfusion sont utilisées, qui permettent de maintenir la circulation des liquides dans le rein, et éviter qu’il ne soit endommagé », explique Karim Laouabdia. Le rein est un des organes principalement concernés par ce protocole de transplantation.

Le délai d’attente avant la déclaration de décès n’est pas la seule problématique. L’âge, de plus en plus avancé, des potentiels donneurs entre également en ligne de compte. « De toute façon, l’âge maximum pour être donneur est de 60 ans. Car plus ils sont âgés, plus ils ont de comorbidités comme une hypertension par exemple », indique-t-il.

Deux équipes bien distinctes

L’Agence de la Biomédecine souligne que « la décision d’arrêt ou de limitation des traitements est indépendante de la possibilité du don d’organes ». Ainsi cette décision est-elle de la responsabilité exclusive des équipes de réanimation dans des conditions de collégialités. Ensuite, l’équipe de coordination hospitalière de prélèvement intervient, une fois le décès déclaré, de façon parfaitement indépendante. « Les filières sont étanches », insiste-t-elle. « Il est important de noter que la démarche auprès des proches est réalisée avec un délai entre l’information sur la décision d’interruption des traitements et celle du don d’organes. »

  • Source : interview du Dr Karim Laouabdia, directeur de la politique médicale et scientifique de l’Agence de la Biomédecine, 3 décembre 2014 – Agence de la Biomédecine, 2 décembre 2014

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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